mardi 12 septembre 2017

Brian De Palma à l'honneur sur OCS

A la TV : OCS Choc consacre ce mardi une soirée spéciale à Brian De Palma, incluant Outrages, Body Double et le formidable documentaire De Palma, réalisé par Noah Baumbach et Jake Paltrow.



Face caméra, le cinéaste revient pendant 1h45 sur sa jeunesse, ses années de formation et sa filmographie. Un entretien illustré par diverses photos et des extraits de films. Baumbach (Greenberg, The Meyerowitz Stories) et Paltrow ne cherchent pas à se mettre en avant (on n'entend jamais leurs questions), ni à "mettre en scène" le cinéaste : ce dernier est assis sur un fauteuil et parle. Et visiblement, il heureux de parler. Volubile, il se livre, levant le voile sur sa famille (une fratrie marquée par les relations tendues entre leurs parents). S'il est parfois grave, et même ému, notamment lorsqu'il évoque la mort de Bernard Hermann (qui signa la B.O. d'Obsession), Brian De Palma est le plus souvent souriant, oeil malicieux, sourire aux lèvres, égrenant ses souvenirs avec gourmandise. On le voit même plusieurs fois se marrer. Et c'est déjà formidable ! Pour avoir interviewé le bonhomme lors de la sortie de Redacted (2007), je peux vous assurer qu'il n'a pas un abord commode. Il est même limite hostile avec les journalistes. Donc sa joie d'aborder ses films, l'un après l'autre, ravit d'emblée le cinéphile.


 
Sa première approche du cinéma est limite expérimentale, underground. Films de fac tournés avec des potes, notamment William Finley que l'on retrouvera plus tard au générique de Phantom of the Paradise. Et Robert DeNiro, tout jeune, qui crève l'écran. Quelques succès mais aussi des bides. Années de galère mais aussi d'inventivité. S'ensuivent des films "indie", qui se font remarquer et l'amènent à travailler à Hollywood au début des années 70. Il fréquente alors Coppola, Spielberg, Scorsese, Lucas... De Palma relate ses bras de fer avec les studios, entre coups de bluff pour obtenir des budgets plus imposants et "soumission" de façade pour pouvoir travailler. Contourner les règles, repousser les limites, dépasser les maîtres (Hitchcock of course), envoyer chier les censeurs. Les films de Brian de Palma choquent, divisent la critique mais attirent souvent le public en salle.
 
Sa mise en scène virtuose n'est jamais gratuite et le cinéaste a l'occasion de s'en expliquer. On découvre également comment il parvient à s'imposer auprès d'acteurs tout puissants, obligeant par exemple Orson Welles et Robert De Niro à apprendre leurs textes lorsqu'ils ne sont pas bien préparés. Une approche frontale qui n'empêche pas la ruse, comme face à Tom Cruise pour faire accepter le final de Mission Impossible contre l'avis du scénariste embauché par la star. Les anecdotes ne manquent pas. On apprend ainsi que Lucas et De Palma ont fait passer ensemble des castings afin de choisir leurs acteurs, l'un pour Star Wars et l'autre pour Carrie, ou que Spielberg est venu filer un coup de main pour filmer l'assaut final de Scarface.
 
Bien sûr, De Palma passe parfois un peu rapidement sur certains films. Il ne dit pas un mot sur le formidable plan séquence du Bûcher des vanités - film qui lui a laissé un souvenir amer. Mais c'est le jeu : en 1h45, il en dit déjà beaucoup. Ce documentaire m'a procuré une joie franche teintée de nostalgie - souvenirs du ciné-club du lycée où nous avions admiré et décortiqué les films de De Palma. Evidemment, le doc donne une furieuse envie de revoir toutes les oeuvres du cinéaste, y compris ceux qui avaient moins convaincu, voire déçu.
 
Ne manquez pas De Palma ce soir sur OCS Choc, sinon retrouvez-le en replay jusqu'au 11 octobre.
 
Anderton
 

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