samedi 29 juin 2019

Catwoman : le coup de fouet de Joëlle Jones

A lire : L'artiste Joëlle Jones a pris en main la destinée de Catwoman. Urban Comics a publié le premier recueil des nouvelles aventures de la justicière/voleuse/ex-girlfriend de Batman. Ce tome 1 de Selina Kyle : Catwoman vaut plus le coup d'oeil que le coup de griffe.



Ce qui m'intéressait de prime abord, c'est de voir comment une femme allait aborder un personnage qui, comme souvent dans les comics, est en général hyper sexualisé. Il faut dire que l'animal totem de Selina Kyle est agile, souple, rusé, charmeur, élégant, indépendant... autant de traits de caractère que l'on retrouve chez Catwoman, la beauté en plus. Ses formes sont mises en valeur par un costume moulant et les artistes qui la mettent en scène, dans les cases ou à l'écran, ne manquent pas de la montrer en train d'effectuer des mouvements sensuels ou de prendre des poses parfois équivoques.

Joëlle Jones s'inscrit dans cette démarche, sans toutefois tomber dans la vision lubrique de certains de ses confrères. Elle habille Catwoman d'un costume en cuir ou en latex qui rappelle celui de la Catwoman incarnée par Michelle Pfeiffer. Certaines attitudes, certains gestes (comme son maniement du fouet) sont clairement des hommages à la Catwoman de Batman Returns (1992), réalisé par Tim Burton.


Planche tirée de la version originale.

Et quand elle est en "tenue de ville", Selina est amenée à courir ou faire des acrobaties, sa robe se lève alors, dévoilant ses jolies jambes. Jones sait que son personnage est sexy et elle ne cherche pas à lui enlever cette qualité. Sans tomber dans le graveleux.

Politricks et #MeowToo

L'artiste la "récupère" alors que son mariage avec Bruce Wayne/Batman a fait long feu. A force de se courir après, de s'affronter et de se provoquer, les deux justiciers de la nuit devaient bien laisser leurs sentiments s'exprimer (lire notamment le récit Batman à la vie à la mort). Mais la vie amoureuse des super-héros est souvent contrariée... Selina se remet donc difficilement de sa séparation mais elle n'a guère le loisir de s'apitoyer sur son sort : elle est en effet confrontée à une "copycat", une femme qui usurpe son identité. Enfin, c'est ce qu'elle croit.

Edité aux States chez DC Comics, le récit, rythmé, se déroule sur fond de campagne électorale. Joëlle Jones met aux prises Catwoman avec une méchante inattendue et monstrueuse, à tous points de vue. Sans effets trop appuyés, l'artiste dénonce la corruption et la manipulation chez celles et ceux qui nous gouvernent - un sujet dans l'air du temps. Les hommes qui tentent de mettre la main sur Selina/Catwoman en sont pour leurs frais : la femme-chatte ne prend pas de gants et sort les griffes, non sans s'amuser à faire tourner la tête d'un policier. On ne se refait pas. Au-delà de ces affrontements, Selina tente de renouer contact avec sa soeur, gravement atteinte physiquement et psychologiquement. Un traumatisme relaté sous forme de flashback, avec Fernando Blanco au dessin.


Un personnage qui rappelle Crispin Glover

Enfin, petit clin d'oeil qui ravira les fans : Jones donne à un personnage les traits de l'acteur Crispin Glover (George McFly dans Retour vers le futur). Bref, ce premier volume tient toutes ses promesses, Joëlle Jones trouvant le bon équilibre entre action et exploration de la psychologie de son héroïne.

Anderton 

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