mardi 4 juin 2019

Glass : en verre et contre tous - les défis de Shyamalan

En DVD et Blu-ray : Avec Glass, M. Night Shyamalan clôt brillamment une trilogie débutée il y a près de vingt ans avec Incassable. Le film, qui réunit James McAvoy, Bruce Willis et Samuel L. Jackson, est disponible dans une édition Blu-ray très complète.



Le cinéaste a relevé un défi à la fois très simple... et compliqué. Simple car, comme il l'explique dans un des nombreux bonus, il n'avait plus à garder secrète l'histoire, comme ce fut le cas avec Incassable (2000) puis Split (2017). Le public sait qu'il s'agit d'une trilogie et, grâce au trailer, que les trois personnages - David Dunn (Bruce Willis) à la force exceptionnelle, Elijah Price (Samuel L. Jackson) le machiavélique "homme de verre" et Kevin Wendell Crumb (James McAvoy) aux multiples personnalités - se retrouvent au sein d'un mystérieux centre de recherche dirigé par la professeure Staple (Sarah Paulson). 



Le défi est également compliqué car Shyamalan était attendu au tournant. D'abord, parce qu'après avoir enchaîné des succès publics et critiques de 1999 à 2004 (Sixième sens, Incassable, Signes, Le Village), il réalise ensuite pendant près de dix ans une série de films (La Jeune fille de l'eau, Phénomènes, Le Dernier maître de l'air, After earth, The Visit) qui divisent, déçoivent ou se plantent au box-office et n'ont en tout cas pas le même impact que ses productions précédentes. Compliqué encore car Incassable et Split sont considérés comme deux grandes réussites et la fin du deuxième opus a suscité une immense attente.


Compliqué enfin car Incassable sort certes après le Superman de Richard Donner ou le Darkman de Sam Raimi, mais avant avant la grande vague des films de super-héros : le Spider-Man de Sam Raimi débarque sur nos écrans en 2002 et six ans plus tard, Jon Favreau lance avec Iron-Man le premier chapitre de la grande saga Marvel. Et il n'échappe pas à M. Night Shyamalan qu'en près de vingt ans, les effets spéciaux ont beaucoup évolué et que le public attend toujours plus de ces super-productions spectaculaires. 

Night Touch

Face à ce challenge, M. Night Shyamalan fait le meilleur choix possible : plutôt que de tenter en vain de s'élever au niveau d'un blockbuster Marvel, il décide de poursuivre son approche réaliste du monde des super-héros, en mettant en place cette atmosphère très particulière qui est propre à son cinéma. Une atmosphère inquiétante, chargée de tension, où pointe le surnaturel. J'ai revu Incassable et Split avant de regarder Glass et je dois dire que non seulement le premier film a conservé toute sa force mais que Shyamalan a réussi à créer une trilogie cohérente, dont le dénouement final (?) m'a emballé. Alors que ce récit en trois actes n'était probablement pas prémédité, le cinéaste et scénariste a su tisser des fils entre les oeuvres, enrichissant leur univers commun et étoffant leurs personnages. On pourrait parler d'une machinerie de haute précision sauf que le spectateur n'en voit jamais les rouages, emporté qu'il est par cette histoire riche en rebondissements, fausses pistes et révélations.

La cohérence est également visuelle (les flashbacks d'Incassable s'intègrent parfaitement à Glass) et sonore, grâce notamment au travail de Mike Gioulakis le directeur de la photo et de West Dylan Thordson, le compositeur de la B.O. - les deux ayant collaboré à Split. La mise en scène de Shyamalan est d'une redoutable efficacité : ses plans et mouvements de caméra nous tiennent en alerte pendant plus de deux heures.


Monstres & Cie

C'est évidemment un grand plaisir de retrouver les trois protagonistes. James McAvoy continue de nous bluffer en interprétant une dizaine de personnalités qu'il fait vivre avec beaucoup de crédibilité. Formidable travail psychologique mais aussi physique ! A l'opposé, Bruce Willis joue toute en retenue un personnage qui a vieilli, mûri et continue de combattre le mal avec obstination. Un combat qui l'habite d'une tristesse infinie. Et Samuel L. Jackson, fidèle à lui-même, incarne un esprit brillant, doté de la dureté du diamant au sein d'un corps fragile comme le verre. Qu'il se mette à parler et nous voici subjugués. Trois grands acteurs qui rendent leurs personnages poignants. A leurs côtés, on prend plaisir à voir Sarah Paulson, qui parvient à faire exister son personnage au milieu des ces "monstres", et à retrouver Spencer Treat Clark, Anya Taylor-Joy et Charlayne Woodard.

L'édition de Buena Vista Home Entertainment regorge de suppléments : 12 scènes coupées que présente Shyamalan, un making of en 9 parties, un début alternatif, un focus sur les principaux personnages et une conversation très intéressante entre le cinéaste et James McAvoy. Si le mystère sur l'après Glass demeure entier, le Blu-ray permet d'approcher au plus près la méthode Shyamalan et sa vision. Jubilatoire.

Anderton

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