En salles : La sortie d’Au-delà a complètement occulté la réédition en salles d'un des très grands Clint Eastwood, Le Canardeur (1973), mis en scène – excusez du peu – par Michael Cimino – dont c’était la première réalisation – et co-interprété par l’autre grand Américain du moment, Jeff Bridges. Ah, je rêve de voir se reformer une telle affiche aujourd’hui… Pas vous ?
Don Quichotte et Sancho Pança en Americana
Bon, avant de rêver, courrez voir ce…ce quoi, au fait ? Buddy movie, road movie, polar…Un peu tout cela à la fois. En tout cas, inutile de finasser : dès les premiers plans – Eastwood déguisé en pasteur, poursuivi par un homme armé, se réfugie dans une église au beau milieu d’une prairie – éclate aux yeux la passion du réalisateur d’Heaven’s Gate pour l’Amérique : ses paysages fordiens, ses héros virils et désabusés en quête d’absolu, son style élégiaque et nostalgique d’une certaine Americana.
Et puis, surtout, il permet à ce faux dur d’Eastwood – alors en pleine époque Inspecteur Harry – de s’attendrir face à Jeff Bridges en jeune chien fou, comme une sorte d’ultime miroir de sa jeunesse perdue. A la recherche d’un magot caché dans une école qui n’existe plus, leurs aventures picaresques prennent les allures de quête absurde, à l’image de celle de Don Quichotte et Sancho Pança aux US. Car outre ses allures de faux road movie, Le Canardeur est un vrai buddy movie – cf son titre original Thunderbolt & Lightfoot – qui exalte l’amitié et l’individualisme entre les outlaws – non sans y ajouter une pincée d’homosexualité goguenarde, à l’instar du travestissement féminin auquel s’adonne le personnage de Jeff Bridges !
Magnifique coup d’essai élégiaque et nostalgique
Bref, un magnifique coup d’essai, à mi-chemin des westerns classiques de John Ford et des œuvres crépusculaires de Sam Peckinpah, qui sans l’ampleur et la démesure de ses ouvres futures – Voyage au bout de l’enfer, Heaven’s Gate, L’année du Dragon – témoigne du talent d’un cinéaste qui n’a malheureusement plus donné aucun signe de vie cinématographique depuis 15 ans.
Jeff, Clint, Michael, si vous nous lisez, on vous attend !
Travis Bickle
j'ai découvert ce film en vidéo ce mois ci. et je peux que le conseiller au cinéma. certains plans sont en effet magnifique mais c'est surtout ce duo eastwood/bridges très touchant qui restera gravé dans ma mémoire. et quelle fin !
RépondreSupprimerSi tu as l'occasion de le revoir en salles, cours-y ! Effectivement, très belle fin... Si Cimino aura du mal à revenir, en revanche, un duo Eastwood-Bridges au ciné, quel pied ce serait ! Non ?
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