C'est un des fleurons de la comédie américaine (oui, oui) que Bubbelpop réédite dans une édition Blu-ray/DVD. La vie, l'amour, les vaches (City Slickers, 1991) de Ron Underwood, avec Billy Crystal, génial en quasi-quadra en pleine crise existentielle qui part jouer les cowboys avec ses copains. Tous en selle !
Après quoi court Mitch Robbins ? Plus grand-chose. Son boulot insipide (vendre des pubs à la radio) le déprime et voici qu'à l'heure où il fête ses 39 ans, il est englué dans une dépression dont sa femme et leurs deux enfants ne parviennent pas à le sortir. Les rares éclats de fun, il les vit avec ses deux meilleurs amis, Phil en plein divorce après que sa femme a découvert qu'il la trompait, et Ed qui vient d'épouser une jeune mannequin. Leur dernière escapade les a emmenés à Pampelune où, lors des fêtes de San Fermin, Robbins s'est pris un coup de corne dans les mitch. Belle allégorie ! Finalement, Mitch court pour échapper à la vie qui le rattrape et l'envoie valdinguer.
Pour remonter le moral de leur pote, Phil et Ed lui proposent de prendre le taureau par les cornes et de partir tous les trois pour conduire un troupeau de vaches du Nouveau-Mexique au Colorado. Et voilà le trio qui se retrouve dans un ranch à apprendre à monter à cheval et lancer le lasso avec d'autres citadins venus découvrir la vraie vie de cowboy. La troupe s'élance en poussant de joyeux "Yiiihaaaah" dans un nuage de poussière, encadrée par Curly, le leader du convoyage. Un taiseux bien intimidant.
Quel pied (chaussé d'une santiag avec éperon) que de revoir City Slickers, découvert au vidéoclub dans les années 1990. Le film est très drôle, associant comique de situation et répliques hilarantes. Billy Crystal est parfait en dépressif vanneur qui ne fait pas rire, mais alors pas du tout, le menaçant Curly, interprété par l'immense, le filiforme (phildeferiforme) et le tout aussi parfait Jack Palance. Gueule burinée et taillée à la serpe dans laquelle brillent deux billes d'acier au-dessus d'un rictus de requin. Joie de revoir ce méchant de la grande époque. Les confrontations entre Mitch et Curly sont géniales.
Three amigos
Le brillant scénario de Lowell Ganz et Babaloo Mandel, qui reconnaissent dans un bonus l'apport de Billy Crystal dans leur travail, ne se résume pas à cette opposition citadins-cowboys. Il aborde avec humour et beaucoup de justesse, de tendresse même, la situation de personnages traversant une midlife crisis, une crise de la quarantaine. Il n'est pas ridicule, Mitch qui ne sait plus où il en est ; il n'est pas odieux, Phil qui vit avec le fardeau d'avoir bousillé sa vie ; il n'est pas grotesque, Ed qui peine à s'imaginer mari, lui le coureur de jupons. Leur amitié fait chaud au coeur en cette période compliquée pour chacun d'eux. Daniel Stern s'en prend (encore) plein la tronche mais parvient à nous émouvoir tandis que le sourire de Bruno Kirby (parti beaucoup trop tôt) nous donne envie de faire les 400 coups en sa compagnie. A noter aussi la présence malicieuse d'un très jeune Jake Gyllenhaal.
Le film est réalisé avec talent par Ron Underwood, cinéaste à l'étonnante carrière (Tremors, Mon ami Joe, Pluto Nash). Il propose une mise en scène ample et quelques clins d'oeil à de grands westerns pour nous faire vivre l'émotion des personnages au sein de paysages somptueux. On apprécie d'autant plus la photo que le film est proposé dans une version restaurée HD. L'édition propose également un livret et de bons bonus : ceux créés dix ans après la sortie du film (avec les comédiens, le réal et les scénaristes qui évoquent le tournage) et des suppléments inédits, dont une passionnante analyse de la comédie et du cinéma américain des 90's par Jacques Demange. Un seul mot : "Yiiiihah !"
Anderton

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