lundi 4 août 2025

Parthenope : la grande sensualità

Parthenope Paolo Sorrentino Blu-ray CINEBLOGYWOOD

Présenté au Festival de Cannes 2024, l'envoûtant Parthenope de Paolo Sorrentino est désormais disponible en vidéo chez Pathé. L'occasion de céder (à nouveau) au chant sensuel de la sirène associée à Naples.


Sa mère lui a donné naissance dans la Méditerranée, aux abords de la belle villa familiale, avec la baie de Naples pour décor. Elle a tout naturellement été baptisée Parthenope, comme la sirène qui a échoué à séduire Ulysse avant d'échouer sur le rivage de la cité de Campanie. Et comme la créature mythologique, la jeune femme sidère par sa beauté. Sandro, le fils de sa gouvernante, n'a d'yeux que pour elle ; Raimondo, son frère, y succombe également, tout comme un milliardaire puis un voyou et même un cardinal. Des hauteurs de Capri aux ruelles des quartiers sordides de la ville, en passant par les couloirs de l'Université, Parthenope se cherche, rencontrant sur son chemin admirateurs et mentors.

Une grande sensualité se dégage du film. Elle est due au regard amoureux que Paolo Sorrentino porte sur son personnage principal et son interprète, la quasi-débutante Celeste Dalla Porta. La caméra colle au corps de l'actrice, plonge dans ses yeux, s'attarde pour en capter les gestes délicats. C'est une sirène à laquelle Sorrentino a succombé et dont il veut nous faire ressentir le charme troublant. Mais il serait injuste de réduire Celeste Dalla Porta à sa plastique. Parthenope aurait pu rester un personnage aussi inaccessible qu'une divinité mythologique sans la bonne interprétation de l'actrice, qui la nimbe d'une mélancolie poignante associée à une vitalité parfois joyeuse. Un grand écart pas si simple à faire passer à l'écran.

Sorrentino Napoli

A cette sensualité de l'interprète, répond celle de la mise en scène, qui fait la part belle aux voluptueux mouvements de la caméra qui traduisent l'attraction que provoque Parthenope et le souffle de liberté qui la porte. Voiles, rideaux, châle, cheveux flottent au vent. Sensualité encore de la photographie signée Daria D'Antonio. Couleurs chaleureuses et lumière éclatante d'un été éternel. Lumière naturelle, tout comme les décors : d'abord mosaïque impressionniste en arrière plan, Naples se révèle bientôt dans toute sa splendeur. Ses places qui sont des décors de théâtre, ses églises et palais majestueux. Sorrentino chante une ode à sa ville maternelle. Le film aurait pu s'appeler Sorrentino Napoli, à l'instar du Fellini Roma auquel on pense parfois, notamment lors d'une incroyable séquence où Parthenope remonte une ruelle d'un quartier populaire au bras d'un voyou acclamé par les habitants. La joie communicative est bientôt interrompue par une insulte crachée par un ragazzo. L'ambiance féérique disparaît soudainement, le couple rebrousse chemin et Parthenope entrevoit dans chaque pas de porte la vie sordide et miséreuse dans le ventre de Naples. Des instantanés filmés en travellings qui rappellent ceux du Maestro de Rimini. Une beauté abîmée, comme ces palais décrépits, ou cette actrice qui cache sous une perruque flamboyante un crâne à moitié dégarni.

Au-delà de la cité, c'est l'âme napolitaine que le cinéaste donne à voir. La joie de vivre est irrémédiablement liée à la mélancolie, la foi au vice, l'érudition à la vulgarité. On est emporté par ce conte envoûtant et subversif, porté par une impeccable B.O. (cf la tracklist ci-dessus), habité par des personnages émouvants et grotesques à la fois qu'incarnent des comédiens inspirés : Gary Oldman, Silvio Orlando, Stefania Sandrelli, Luisa Ranieri, Daniele Rienzo, Peppe Lanzetto.

Pathé propose en bonus à son édition un joli making-of et surtout de bons entretiens avec un Paolo Sorrentino un peu éteint (qui annonce qu'il ne tournera plus à Naples, comme s'il avait signé une ode ultime et définitive), une Celeste Dalla Porta dont la fraîcheur nous emballe, tout comme le plaisir pris par Gary Oldman sur le tournage. Plaisir que j'ai partagé en découvrant ce film à la singulière sensualité.

Anderton


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