Avec Sous tension, qui sort ce mercredi au cinéma, la réalisatrice grecque Penny Panayotopoulou nous amène à découvrir le quotidien de millions de compatriotes à travers celui de Kostas, qui tente de maintenir sa famille à flot. Quitte à mettre sa morale de côté.
Agent de sécurité dans un hôpital, Kostas gagne à peine de quoi les faire vivre, lui et sa mère. Lorsque son frère est victime d'un anévrisme, il récupère sa jeune fille, dont sa belle-soeur malade ne peut s'occuper, et des dettes importantes qu'il a quarante jours pour régler, sans quoi la maison familiale sera vendue. C'est alors qu'un collègue lui propose un marché douteux pour gagner une belle somme d'argent.
Après la crise de la dette en 2010 et de lourds plans d'austérité, la croissance est de retour en Grèce, le pays va mieux. Mais ce sont des millions de Grecs qui en paient le prix fort, comme le souligne Le Monde. Pour beaucoup d'entre eux, les conditions de vie se sont profondément dégradées. C'est le cas de Kostas qui, dans Sous tension, est un trentenaire peinant à gagner sa vie correctement. La réalisatrice ne l'a pas gâté, en lui associant une famille mal en point et un environnement de travail stressant. Mais le personnage tient bon, soutenu par sa copine, rayon de soleil dans un ciel chargé de sombres nuages. Pour autant, le couple bat de l'aile.
Derrière le "miracle" grec
Le titre annoncerait presque un thriller et c'est vrai qu'il y aurait eu de quoi proposer un récit tendu dans lequel le héros court pour s'extirper d'une situation a priori sans espoir. Déjà vu ? Sûrement. En tout cas, Penny Panayotopoulou a clairement refusé le film de genre pour ancrer son histoire dans un cinéma du réel. Elle nous fait découvrir une Grèce bien éloignée de nos fantasmes de carte postale. Une Grèce qui peine à se relever économiquement et à maintenir un service public de qualité, rongée par la corruption et la montée du racisme. Son regard sans concession n'est pas pour autant froid. On sent qu'elle aime ses personnages, des êtres fracassés qui tentent de rester dignes. Et grâce à la qualité des comédiens - Giannis Karampampas, formidable Kostas ; Konstadinos Avarikiotis, en salopard immoral -, nous nous attachons à cette histoire qui aurait pu être complètement plombante.
La durée du film aurait pu être resserrée, le rythme un peu plus soutenu, avec des plans et séquences moins longs, mais le spectateur qui n'est pas venu voir un polar y découvrira une vision sans fard de notre voisin européen qui l'amènera à se poser des questions sur la société française même mais aussi sur les choix qu'il pourrait faire face à l'adversité. Penny Panayotopoulou se poserait presque en héritière de Socrate. Elle s'affranchit toutefois de la tragédie d'Eschyle ou Sophocle, en laissant entrevoir un fragile espoir pour des protagonistes qui le méritent bien.
Anderton

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