Les éditions Delcourt nous proposent de passer l'été sous le signe de fléaux ! Au programme, trois albums de bande dessinée dans lesquels il est question de fureur et de survie : le troisième et dernier tome de Clementine, le spin-off de Walking Dead ; le tome 2 de BRZRKR Bloodlines coécrit par Keanu Reeves himself ; et de la SF nostalgique, Duck and cover.
Keanu Reeves, Matt Kindt, Ron Garney, Jason Aaron et Salvador Larroca : BRZRKR Bloodlines 2
Je le concède, ça en fait du monde pour un seul album mais il contient deux histoires réalisées par deux groupes d'artistes. Rembobinons : Keanu Reeves a cocréé avec Matt Kindt et Ron Garney une bande dessinée qui met en scène B. ou Unute, un demi-dieu immortel qui se livre à des déchaînements de violence depuis la nuit des temps. Il a traversé les siècles, souvent utilisé/exploité par des souverains et seigneurs de guerre afin de réduire leurs ennemis en bouillie (littéralement). La saga en trois tomes de BRZRKR est suivie par une série spin-off de courtes histoires parallèles, intitulée Bloodlines. Dans ce deuxième opus, nous retrouvons le héros - affublé des traits de Keanu Reeves - à l'époque de Genghis Khan et du Far West.
Les deux histoires permettent à nouveau d'exploiter la malédiction du personnage, qui se trouve à la croisée de John Wick, Wolverine et Highlander : capable de mourir dans les pires souffrances avant de ressusciter et de laisser libre cours à sa furie destructrice. Les combats sont d'une sauvagerie totale, les corps sont broyés, disloqués, arrachés, dans un déluge de sang et de viscères (extrait). Pour autant, les auteurs parviennent à rendre compte de la solitude d'Unute et de sa fragilité. Une âme en peine qui traverse les siècles à coups de poings. Les amateurs de John Wick seront aux anges et cet album peut être lu indépendamment des autres. Histoire de se familiariser avec un personnage bientôt adapté à l'écran.
Tillie Walden : Walking Dead - Clementine, tome 3
Dernier opus d'une trilogie consacrée à la protagoniste du jeu vidéo tiré de l'univers de Walking Dead, cet album nous transporte dans une petite communauté installée au Groënland. Clementine, sa fiancée et leurs amis y ont débarqué à bord d'un voilier. Le village est paisible, les morts-vivants qui prolifèrent sur la planète en sont tenus à distance. Après avoir vécu le pire en Amérique, le petit groupe d'ados doit s'habituer à sa nouvelle vie, en abandonnant un quotidien de violence, en participant aux tâches de la communauté et en retournant à l'école. Pas simple mais Clementine peut compter sur le soutien et l'amour de Ricca. Seulement voilà, on sait que dans l'univers Walking Dead, rien n'est acquis, surtout pas le bonheur.
Tillie Walden signe à nouveau un récit à la fois intimiste et traversé par une angoisse sourde. Elle aborde avec délicatesse la psyché d'ados privées de repères, en manque d'affection et capables de se transformer en impitoyables guerrières. Son dessin tendre et un peu enfantin (extrait) colle parfaitement à la saga.
Scott Snyder et Rafael Albuquerque : Duck and cover
Quand il n'invente pas des aventures pour les super-héros de DC Comics, Scott Snyder imagine des récits où transparaissent son amour pour la pop culture et le cinéma de genre. Cette fois-ci, il revisite les Fifties et l'époque de la guerre froide, quand les écoliers américains apprenaient à se baisser et se cacher sous leur table (d'où le titre de l'album) en cas d'alerte à la menace nucléaire. Un exercice qui s'avère payant puisque une bombe atomique détruit une partie des Etats-Unis... et que débarquent des extra-terrestres. Lesquels capturent et exploitent les survivants. Un groupe d'ados tente de leur échapper tout en évitant des bestioles devenues géantes du fait des radiations.
Snyder nous propose une série B, de celles qui se regardent dans une Chevrolet garée dans un cinéma drive in. Son histoire en reprend tous les codes, hommage assumé aux films de SF et d'horreur des années 1950, à La Guerre des mondes, The Fabelmans et Super 8. Rythme alerte, dessin vif de Rafael Albuquerque (extrait)... On se laisse prendre par des pages qu'on tourne d'une main, l'autre farfouillant dans un paquet de popcorn. Malins, les auteurs associent fan service et nostalgie geek avec pour seule ambition, celle de nous faire passer un bon moment. Et c'est réussi.
Anderton

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