Qui l'eût cru ? Il existait un scénario posthume d'une aventure de Jack Palmer. Comme une bonne bouteille gardée au frais par le regretté René Pétillon. C'est Manu Larcenet qui l'a débouchée et qu'il nous sert dans un récit drôle et pétillant : Palmer dans le rouge, publié par Dargaud. Après la Corse, direction le Médoc !
L'héritière du domaine Grolo-Laglotte a disparu. Dans une lettre laissée à sa famille, Bénédicte annonce qu'elle ne veut plus épouser John, un riche américain propriétaire d'un vignoble californien. La cata pour les parents qui voyaient dans cette union l'assurance de sauver leur exploitation en grande difficulté. Le cousin Ange, en visite dans le Médoc, fait alors appel au drôle de détective qui lui courait après dans L'Enquête corse. Jack Palmer débarque et farfouille dans un milieu viticole plein de secrets et de coups fourrés.
Manu Larcenet qui reprend la destinée de Jack Palmer. C'était une évidence tant l'artiste partage avec Pétillon le même sens de la dérision, le même goût pour les personnages pittoresques, la même fausse simplicité du trait qui file droit au but. Un peu plus élaboré que celui de son aîné, le dessin de Larcenet se déguste à chaque case : on se marre devant les expressions et mimiques des protagonistes, on admire les décors et la touche de poésie qu'il apporte, en faisant s'envoler au premier ou second plan mésanges, rouges-gorges, hirondelles, corbeaux... Et la mise en couleurs est somptueuse, toute en nuances délicates.
Quant à l'histoire, elle fait mouche ! Situations rocambolesques, dialogues hilarants. Pétillon et Larcenet entraînent leur héros dans les caves et les vignes du Médoc. Palmer donne de sa personne. Il passe son temps à lever le coude et son gros nez tend à prendre les couleurs des cépages régionaux. C'est qu'il en a, du pif. Malgré toutes les dégustations, il voit encore assez clair, parfois, c'est vrai, un peu aidé par les circonstances. Une grande réussite que cet album de BD, conclu par une touchante réplique. Vingt sur vin !
Anderton

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