dimanche 14 septembre 2025

Stanley Tucci, Meryl Streep, Deauville et l'andouillette

Stanley Tucci Taste CINEBLOGYWOOD

Dans Taste Le goût de la vie, ses mémoires gourmands et touchants publiés chez Hachette Cuisine, Stanley Tucci écrit tout le bien qu'il pense du Festival de Deauville. Et raconte une anecdote marrante sur la fois où il a goûté à une andouillette en compagnie de Meryl Streep, en Normandie.


Les deux comédiens, leur partenaire Chris Messina et la réalisatrice Nora Ephron étaient venus présenter Julie et Julia au Festival de Deauville (découvrez notre dossier), en 2009 (regardez la conférence de presse). "C'est l'un de mes préférés, écrit Stanley Tucci, car c'est une manifestation très décontractée, contrairement à la plupart des autres grands festivals. A Deauville, il y a une bonne quantité d'interviews habituelles à faire ainsi que quelques séances photos (toujours pénibles), mais les projections ont lieu surtout en journée, ce qui laisse du temps libre pour les soirées et les nuits. Les invités séjournent à l'Hôtel Barrière Le Royal avec une vue sur les plages apparemment sans fin rendues célèbres par le peintre Boudin il y a plus d'un siècle. L'air est frais : le ciel est bleu jusqu'à ce qu'il devienne soudainement d'un gris profond et laisse éclater un violent orage, rendant toute l'expérience assez romantique. Le festival et le cadre sont un rêve pour tout amateur de cinéma et tout cinéaste."

Le gourmet poursuit : "La région est un rêve pour tout amateur de cuisine (...) Le buffet du déjeuner au bord de la piscine à l'Hôtel Le Royal est en lui-même un vrai délice normand". Et d'énumérer "des plateaux de fruits de mer sur lits de glace, des salades vertes croquantes avec une vinaigrette classique à l'échalote, des baguettes fraîches et des bouteilles de rosé ou de sancerre", avant d'évoquer "les nombreux restaurants merveilleux dans les environs".

Andouillette et sexe de cheval

Alors que l'équipe du film retourne à Paris en voiture, après une visite des plages du débarquement, elle décide de s'arrêter "affamé[e] et assoiffé[e] dans une charmante auberge au bord d'une route secondaire". En parcourant le menu, qui fait la part belle aux plats régionaux, Tucci remarque "qu'une spécialité de la maison était l'andouillette". Aucun des convives n'en a jamais goûté. Le suffixe "-ette" leur donne l'impression que c'est une petite saucisse. La commande est passée. Après les entrées et quelques gorgées de bons vins, arrive la serveuse. "(...) Devant nous a été posée une assiette sur laquelle se trouve quelque chose qui ressemblait étonnamment à un sexe de cheval. J'ai vu le visage de Meryl s'affaisser légèrement et entendu un petit 'Oh" sortir de sa bouche."

La troupe, interloquée, partage son étonnement. "Eh, bien ça ressemble à une putain de bite de cheval", lâche l'acteur américain d'origine calabraise. Meryl Streep acquiesce avant de couper un petit morceau et de le mettre dans sa bouche. "Elle a mâché avec précaution. Son visage a montré une vie entière d'émotions humaines en une fraction de seconde. Elle a ensuite porté sa serviette à ses lèvres. Elle s'est mise à parler très doucement : Eh bien... ça a un peu un goût de basse-cour".

La réaction de Stanley Tucci n'est pas aussi délicate : il met un "infime morceau dans [sa] bouche et avant qu'il ait touché [sa] deuxième papille gustative", il le recrache illico dans son assiette en se retenant de vomir. Il se précipite alors sur son verre de vin et sur "la moitié d'une baguette" pour tenter de faire partir le goût de la charcuterie normande. Retour du propriétaire, avec un sourire en coin, qui comprend que les Américains n'ont pas apprécié la spécialité locale. Il fait débarrasser leurs assiettes et leur sert des omelettes.

Et Stanley Tucci de conclure : "Pendant que nous attendions nos plats garantis sans danger, nous avons convenu que ce n'était pas seulement les braves forces alliées qui avaient fait reculer les Allemands. Il est fort probable que ce soit aussi la crainte de devoir manger de l'andouillette jour après jour comme pénitence pour leur conquête brutale de la Normandie qui ait précipité la retraite nazie".  

Anderton


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