Vingt ans après sa sortie en salle, Kingdom of Heaven ressort en vidéo dans sa version longue, voulue par Ridley Scott et restaurée en 4K. Avec cette édition, Pathé s'est donné les moyens de mettre en valeur une fresque grandiose, épique et humaniste.
Au XIIe siècle, Balian, un forgeron qui vient de perdre sa femme, apprend qu'il est le fils illégitime du Baron d'Ibelin. Décidé à se faire pardonner de l'avoir négligé, le chevalier propose au jeune homme de l'accompagner à Jérusalem, où il pourra vivre une nouvelle vie. Après quelques réticences, Balian accepte. La troupe se met en marche. La route vers la Cité sainte s'avère dangereuse tandis que de l'autre côté de la Méditerranée, les croisés se déchirent face à la menace que représente Saladin.
Au sein d'un boîtier steelbox, trois disques : le 4K UHD et le Blu-ray pour le film plus le Blu-ray des sept heures de bonus. Disons-le tout net : si certains Director's Cuts font du tort aux films en les boursouflant de scènes dispensables qui ralentissent le rythme, celui-ci améliore considérablement la version distribuée au cinéma. Il permet notamment d'approfondir la psychologie des personnages et d'en faire mieux comprendre les actions. Résultat : les 3h13 défilent sans temps mort et mettent en valeur aussi bien la croisée de destins (pun intended) que toute une époque superbement reconstituée. La beauté, l'amour et la noblesse fraient avec la violence la plus brutale, la haine à l'état pur.
Pas d'éclosion pour Bloom
Le récit est portée par une belle galerie de personnages interprétés avec conviction par un casting impressionnant : Liam Neeson, Jeremy Irons, David Thewlis, Marton Csokas, Brendan Gleeson, Michael Sheen, Ghassan Massoud, Alexander Siddig et Edward Norton, non crédité au générique (à sa demande) pour ajouter du mystère à l'interprétation de Baudouin IV, le roi lépreux. Nikolaj Coster-Waldau et Kevin McKidd sont également à l'affiche dans des rôles secondaires. Eva Green parvient à s'imposer au sein de cette concentration de testostérone. Quant à Orlando Bloom, lors du tournage en 2004, il sortait des succès du Seigneur des Anneaux et de Troie. Il était alors au sommet de sa popularité : le long making of montre des groupies espagnoles devenir hystériques à chacune de ses apparitions. Sur le papier, c'était une bonne idée de le caster dans le rôle principal. Hélas, il peine à convaincre. Multipliant les regards intenses qui tombent souvent à côté de la plaque, il se fait dévorer par des partenaires de jeu qui n'ont pas à forcer leur talent. A quelques exceptions près, il n'arrive pas à donner de la consistance à son personnage.
Pour autant, le film est tellement grandiose et peuplé de protagonistes captivants que l'on se laisse emporter. Ridley Scott maîtrise autant les scènes de face à face tendu que les séquences de batailles, spectaculaires et brutales. Comme souvent lorsqu'il aborde l'Histoire, le cinéaste met un point d'honneur à représenter le plus fidèlement possible une époque, ses moeurs, ses mentalités, tout en assumant de prendre des libertés lorsque le récit l'exige. Un documentaire, présent dans le disque des bonus, permet notamment de faire la part des choses entre la véracité historique et la fiction. Mais là encore, son approche dumasienne de l'Histoire me va bien.
Plus que la description d'un inévitable choc des civilisations, Kingdom of Heaven raconte comment la voracité et l'intolérance d'une poignée d'hommes sabotent la coexistence plutôt pacifique de deux cultures. Une vision humaniste qui a d'ailleurs été reprochée au cinéaste lors de la sortie du film au cinéma.
La production, une fresque en soi
Beaucoup de bonus sur le troisième Blu-ray donc. Des documentaires, des scènes coupées (et qui méritaient de l'être) et surtout un long making of, une fresque en soi, qui aborde toutes les étapes de la production. Depuis les séances d'écriture jusqu'à la finalisation du montage et du mixage, en passant par le tournage au Maroc et en Espagne. Un bonheur pour cinéphile, qui assiste à la fabrication de milliers de costumes, de centaines d'étendards, d'un immense décor au milieu du désert marocain et découvre surtout les contraintes d'une super production, les choix que Ridley Scott est amené à prendre, pour des questions artistiques ou budgétaires. A l'écoute de son équipe - des fidèles -, il tient la baraque de bout en bout. Avec autorité.
Une édition "anniversaire" ultra HD et ultra complète.
Anderton

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