samedi 12 octobre 2024

Et plus si affinités : une comédie qui met le feu aux couples

Et plus si affinités DVD CINEBLOGYWOOD

Inviter à dîner des jeunes voisins qui passent leur temps à bruyamment s'envoyer en l'air quand on est un couple de quinqua rangés de la gaudriole, c'est l'assurance de passer une soirée... très particulière. C'est également le pitch d'Et plus si affinités, une comédie qui a fait la culbute au Festival de l'Alpe d'Huez (quatre prix). Le film, disponible dans une riche édition vidéo, mérite de repasser sur le canapé. 

Ensemble depuis pfiou, Xavier et Sophie ont perdu la passion. Ils cohabitent, avec un vieux chien fainéant. Echanges réduits au strict minimum, soupirs, sarcasmes. Sophie tente bien d'apporter un peu de joie de vivre dans leur grand appartement mais Xavier est toujours las, fâché, revenu de tout. Autant dire qu'il ne prend pas bien l'initiative de sa femme d'inviter les voisins à dîner. D'autant que le jeune couple en question perturbe la tranquillité de l'immeuble avec ses ébats incessants et bruyants. Mais Xavier se laisse convaincre. Débarquent alors Alban et Adèle, jeunes, beaux, taquins. Leurs propos, ponctués de quelques sous-entendus à l'apéro, deviennent beaucoup plus libres et même libertins au fur et à mesure que la soirée avance.

Adapté d'un film espagnol (Sentimental, 2020) lui-même adapté d'une pièce de théâtre, Et plus si affinités est construit selon la règle très française des trois unités : temps, lieu, action. Pour autant, les réalisateurs Olivier Ducray et Wilfried Méance évitent l'écueil du théâtre filmé. Leur mise en scène alerte et la belle photo de Stephen Méance font oublier que l'histoire se déroule presque uniquement dans un appartement. Ils maîtrisent l'art de filmer des échanges entre plusieurs personnes souvent assises, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Aucun plan plan-plan. Ils sont aidés en cela par des dialogues enlevés et drôles délivrés avec beaucoup de justesse par des comédiens dans le bon ton.

Isabelle Carré et Bernard Campan forment un beau couple. Leur complicité est totale. Il faut dire qu'ils se sont longuement côtoyés au théâtre puis au cinéma dans La Dégustation d'Ivan Calbérac. C'est bête hein mais c'est ce qui fait qu'on sent entre eux un vécu, des habitudes, qui collent complètement à leurs personnages. Isabelle Carré pare Sophie d'espièglerie quand Bernard Campan fait endosser à Xavier une mauvaise humeur permanente. Avant que l'une comme l'autre laissent parler leur coeur. Ils sont touchants. Face à eux, Julia Faure et Pablo Pauly affichent une jeunesse arrogante, une assurance décomplexée, avec une pointe de perversité libidineuse pour le second qui le rend hilarant. Sur son visage au sourire coquin, on devine toutes les cochonneries auxquelles il aimerait se livrer. 

Deux couples, deux ambiances

"Liberté, j'hurlerai ton nom", semblent dire Adèle et Alban. Une approche décomplexée de la vie et du vit qui irrite d'abord Sophie et Xavier, puis les déconcerte au point d'ébranler leur quotidien. Le choc des mentalités et des pratiques nous font beaucoup marrer, jusqu'à ce que les masques tombent et que le jeu prenne une tournure dramatique. Changement d'ambiance, nouvelles émotions. On est cueillis par ce twist inattendu.

Joli tour de force de Ducray et Méance. Wild Side propose d'ailleurs dans l'édition vidéo, outre un bêtisier et des scènes coupées, des courts-métrages du duo. On découvre leurs capacités à saisir la complexité des rapports humains et à proposer des récits au dénouement surprenant. 

Anderton


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