En DVD et Blu-ray : Rageant. Le Baiser de la Femme-Araignée, c’est 2 formidables atouts : son sujet et ses acteurs. C’est le principal mérite du cinéaste argentin Hector Babenco - que de les avoir réunis. C’est aussi le principal reproche que l’on peut lui faire : être complètement passé à côté du chef-d’œuvre qu’il aurait pu en tirer… Juste un bon film. Remarque : excepté la claque Pixote, c’est un peu sa marque de fabrique – cf At play at the fields of Lord, ou Ironweed, deux autres magnifiques ratages.
Rageant, malgré un sujet en or
Tirée d’un roman de l’écrivain argentin Manuel Puig – un peu moins connu que ses illustres compatriotes Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato –, Le Baiser de la Femme Araignée n’a rien à avoir avec Spider-Man ou d’autres super-héros. L’intrigue met aux prises dans une prison sud-américaine deux hommes que tout oppose : Valentin, un homosexuel romantique et sensible ; Molina, un dissident politique, bourru et pétri de convictions. Face à la claustrophobie carcérale, le premier s’échappe en se racontant des histoires issues de ses souvenirs cinématographiques, tandis que l’autre, d’abord réticent, se réfugie dans ses convictions et son combat politique.
Pour incarner ces deux personnages emblématiques, le cinéaste a fait appel à William Hurt pour celui de Valentin. Choix audacieux pour un rôle aussi casse-gueule – l’acteur était alors un jeune premier, tout juste sorti de la poisseuse Fièvre au Corps et du culte Les Copains d’abord, tous deux de Lawrence Kasdan – mais absolument payant. Sans doute dans son plus beau rôle – prix d’interprétation à Cannes, Oscar en 1985 – il évite tous les clichés pour composer un personnage tout en finesse et flamboyance. Pour la petite histoire, Burt Lancaster s’était montré intéressé pour jouer son rôle. Face à lui, Raul Julia – La famille Adams, Coup de coeur - fait preuve d’une réelle présence physique, contrepoint parfait à Valentin.
Une mise en scène balourde
Mais quelle mise en scène balourde ! Là où un Fellini, un Rosi ou même un Mankiewicz se seraient régalés des allers-retours entre fiction et réalité, vérités et mensonges, Babenco se contente de les illustrer platement. Sans flamboyance, sans ambiguité, sans ironie. Et parfois avec un didactisme qui nuit à la finesse de l’évolution psychologique des rapports entre ces deux hommes, ces deux consciences en résistance. Et c’est vraiment dommage.
Heureusement, les bonus dénichés par Carlotta, - comme toujours, d’une richesse incroyable - nous permettent de mesurer l’importance du film, non tant sur le plan cinématographique, que dans la carrière de ses différents protagonistes. Un long documentaire rétrospectif réalisé par le producteur du film David Weisman revient sur ses conditions de tournage. Et à l’aune des intentions de Babenco et de son scénariste, Leonard Schrader, le frère de Paul, nous permet d’entrevoir ce qu’il aurait pu être : un vrai chef-d’oeuvre. Rageant, vraiment rageant.
Travis Bickle
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