A quelques jours d'Halloween, Urban Comics et Delcourt offrent l'occasion aux amateurs d'horreur de frissonner à la lecture de trois albums de bande dessinée. w0rldtr33 nous dévoile un internet maléfique qui incite ses utilisateurs à commettre d'effroyables crimes, Night Eaters nous fait rencontrer une mère de famille sino-américaine aux pouvoirs terrifiants tandis que Nights nous plonge dans une Floride alternative peuplée de fantômes, vampires et créatures sanguinaires.
James Tynion IV et Fernando Blanco : w0rldtr33 volume 01 (Urban Comics)
Pourquoi Gibson Lane, 15 ans, a-t-il massacré une cinquantaine de voisins ? Cette tuerie de masse s'en ajoute à d'autres, partout aux Etats-Unis. A chaque fois sur les lieux des crimes, une mystérieuse femme tatouée et entièrement nue. Champion de la Tech, Gabriel Winter a compris. Un quart de siècle plus tôt, avec un groupe d'amis, il a mis au jour l'Undernet, un réseau parallèle à Internet qui contamine ses utilisateurs et les transforme en assassins. Le groupe en avait scellé l'accès. Winter décide de rappeler ses partenaires pour à nouveau mener le combat.
James Tynion IV excelle à inventer des histoires qui jouent avec nos angoisses, que ce soit de l'apocalypse ou du complot. Il sait faire surgir le surnaturel le plus flippant au beau milieu de notre quotidien, tout en prenant soin de dépeindre des personnages dont les ambitions, les vices ou les peurs nous parlent. Avec cette nouvelle série, il réussit à nouveau son coup. Pas besoin de se forcer pour croire à la nocivité d'un réseau addictif qui nous bombarde d'images insoutenables. Par son dessin réaliste, Fernando Blanco ajoute au malaise en représentant frontalement la barbarie qui s'exprime. Et en multipliant les petites cases carrées sur certaines planches, il adopte un découpage cinématographique qui accroît la tension d'une séquence. Bref, un premier volume prenant (lire un extrait).
Marjorie Liu et Sana Takeda : Night Eaters - Elle dévore la nuit tome 1 (Delcourt)
Pas bavarde, pas commode, la cigarette en permanence à la bouche, Ipo a l'impression d'avoir raté l'éducation de ses enfants, Milly et Billy. Trop tendres, trop américains pour elle qui, comme son mari Keon, a immigré de Hong Kong pour venir s'installer aux Etats-Unis. Alors la mère décide de mettre ses jumeaux à l'épreuve. Dans la maison d'en face. Celle où une abomination s'est déroulée.
Déjà associées sur la série Monstress, les autrices lancent une prometteuse trilogie qui tient autant du conte horrifique que d'un témoignage sur la communauté sino-américaine (découvrez les premières planches). Elles évoquent le parcours de parents déracinés mais attachés à leur culture qui peinent à se faire comprendre d'une deuxième génération intégrée au pays où ils sont nés. D'où des incompréhensions que Liu et Takeda exploitent avec tendresse et drôlerie. Le dialogue intergénérationnel prend une tournure spectaculaire quand les parents révèlent un aspect inconnu de leurs personnalités. L'épouvante s'invite dans le récit, sans que l'humour disparaisse. Un ton étonnant mais qui fonctionne, tout comme les dessins pleins de douceur de Sana Takeda, qui accentue parfois les expressions des personnages, comme dans un manga. Et lorsque l'horreur s'invite, le contraste n'en est que plus saisissant.
Wyatt Kennedy et Luigi Formisano : Nights - saison 1 partie 1 (Urban Comics)
Bienvenue dans une coloc pas comme les autres. Devenu orphelin, Vince le lycéen emménage chez son cousin Ivory... tueur à gages. Ce dernier partage son logement avec Matt, un créateur de jeux vidéo devenu fantôme, et Gray, livreuse de pizza mais surtout vampire, et même "la meilleure de tous les temps". Tout ce petit monde vit en Floride, une colonie espagnole dont les maisons et marais regorgent de créatures monstrueuses.
What the fun ? En effet, cette saga est bien barrée. A la fois drôle, sexy et violente. Un poil trash. Sensible, aussi. Habitée par des personnages attachants. On tourne les pages sans savoir où le récit va nous emporter. Surprises et rebondissements sont au rendez-vous. On dirait une série TV, avec un dessin entre BD européenne et manga. En fin de ce premier volume, une playlist à écouter au rythme des six chapitres. Une originalité qui plaît.
Anderton
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