jeudi 31 décembre 2015

Cinéma 2015 : le Top 10 et Flop 5 de Fred Fenster


En salles : Des 70 films vus cette année (cf ma page Pinterest), j'ai tiré un Flop 5 et un Top 10. Lequel inclut 5 films réalisés par des femmes et 5 films français.


2015... petit millésime. Je ne sais pas si c’est la grêle, le mildiou, ou l’oïdium, mais l’année cinéma a été, dans l’ensemble, assez faible. Des films de plaisirs immédiats, qu’on regarde volontiers, mais pas des films de longue garde, de ceux qui restent en nous pendant longtemps. Un millésime qui m’a plus marqué par la prestation de certains acteurs que par les films eux-mêmes. Bon, pas que, hein. Y a quand même eu des choses vraiment pas mal. Mais globalement, ça a manqué de consistance. Découvrez mes coups de coeur... et mes déceptions.




FLOP 5

5) El Club, Pablo Larrain
El Club, ou la démonstration qu’une ou deux scène explicites, peuvent parfois nuire à l’ensemble d’une œuvre, pourtant ambitieuse. Sans doute pas vu dans les bonnes conditions. 

Un film rempli qui déborde de tous les stéréotypes possibles et imaginables sur les espions, sur les Britanniques, sur la Russie. Guy Ritchie file un mauvais coton. 

3) Daddy cool, Maya Forbes
Mais qu’est donc venu faire Mark Rufalo dans cette galère. Un sujet intéressant, certes, mais un traitement catastrophique. Prix de la plus mauvaise actrice pour Zoé Saldana. 

2) Love, Gaspard Noé
Love est bavard, ennuyant et interminable. Gaspard Noé nous parle beaucoup de lui, et très peu d’amour. 

1) Citizen four, Laura Poitras
Quand tu bloques sur le principal sujet d’un docu, Snowden himself, c’est mal barré. Puis un petit parfum complotiste désagréable. Bilan, j’ai quitté la salle au bout de trois-quarts d’heure, pour la première et dernière fois de 2015.


TOP 10

10) La Belle saison, Catherine Corsini
Une très jolie histoire d’amour, entre une militante féministe parisienne et une fille de la campagne (Cécile de France et surtout Izïa Higelin, parfaites). Une reconstitution réussie des années 70, où les idéaux libertaires se heurtent à une société post-68 encore très sclérosée, symbolisée par l’excellente Noémie Lvovsky. Un film peut-être moins "important" que d’autres laissés de côté (notamment Le fils de Saul ou Mia Madre), mais qui m’a donné beaucoup d’émotion, notamment grâce à la très belle photo de Jeanne Lapoirie. Et qui me permet d’atteindre une jolie parité homme / femme dans ce Top 10. 

9) Une Seconde mère, Anna Muylaert
Un film passé un peu inaperçu, qui ausculte cette société brésilienne, complexe et  ultra-cloisonnée. Souvent drôle et émouvant, parfois un peu maladroit, le film montre les limites de l’ouverture d’esprit de la classe supérieure pauliste : il n’y a pas qu’en France que l’ascenseur social est grippé. Regina Casé est une immense actrice. 

8) Dheepan, Jacques Audiard
Le film que j’attendais le plus cette année. Peut-être un peu trop, d’ailleurs. Du coup, Dheepan est une semi-déception. Cependant Audiard reste un grand réalisateur, et un très bon directeur d’acteur. Pas un film sur l’immigration, pas un film sur les no-go zones, mais un film finalement réussi sur la construction familiale. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la Palme d’Or marquait une volonté de récompenser l’ensemble de l’œuvre d’Audiard, plus que ce film-là. 

7) Mustang, Deniz Gamze Ergüven
Filmé avec douceur avec, c’est vrai, un ptit côté David Hamilton, dans ces rayons de soleil qui caressent  les cinq actrices, Mustang est pourtant un film dur. Très dur, même. Un film qui nous rappelle, si besoin en est, qu’il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de chemin à faire pour arriver à l’égalité entre les hommes et les femmes. En Turquie, mais aussi partout ailleurs. Belle complicité entre les actrices. Un très beau film.

6) Mon Roi, Maïwenn
Maïwenn, c’est comme les huîtres. Ou la betterave. T’aimes ou t’aimes pas. Moi, j’aime bien. Mon Roi est un film magnifique sur les extrêmes amoureux : ce qu’il y a de plus formidable (la passion incendiaire des débuts), mais aussi ce qu’il y a de plus moche (l’addiction, la manipulation et la destruction). Là où Maïwenn devrait mettre tout le monde d’accord, c’est sur la direction d’acteurs : si Emmanuelle Bercot est parfaite, c’est Vincent Cassel qui impressionne, autant irrésistible qu’odieux. C'est jubilatoire, drôle (merci Louis Garrel, excellent), mais aussi angoissant et bouleversant. Alors certes, ça parle de gens plein de thunes qui vivent dans un monde de paillettes (souvent blanches), mais on s’en fout. Ça pourrait coller dans tous les milieux, tant c'est une histoire universelle.

5) Mad Max Fury Road, George Miller
J’ai parfois peu tendance à penser que les vieux réals tournent mal (au sens propre comme au sens figuré) : soit dans un genre vieux dégueulasse (Friedkin dans Killing Joe, ou dans un style plus light, Rappeneau dans Belles familles, qui filme le joli cul de Marine Vacth juste pour se faire plaisir, sans que ça n’amène quoi que ce soit au propos), soit, pire, dans un style ultra réac (prends ça, Clint, avec ton American Sniper qui a des vieux relents de tea party). George Miller, 70 piges, me montre que j’ai tout faux ! Son Fury Road est une vraie merveille visuelle, qui trouve sa juste place dans la franchise, avec un rythme de malade, et un casting parfait. 

4) La Loi du marché, Stéphane Brizé
Un grand film social, qui flirte avec le documentaire, en restant toujours passionnant. Une mise en scène ultra dépouillée, un récit clair et limpide, et une attention toute particulière portée à ces petits riens du quotidien, ces gestes et ces discussions, à priori anecdotiques, qui peuvent receler une violence sociale phénoménale : une négociation pour l’achat d’un mobil-home ; un rendez-vous à la banque ; une formation chez Pôle emploi. Enorme Vincent Lindon, d'une très grande justesse, seul élément du palmarès de Cannes 2015 qui a fait l'unanimité. 

3) Foxcatcher, Bennett Miller
Un film sur la lutte gréco-romaine ? Sur le sport de haut niveau ? Un film sur la fratrie, peut-être ? Ou sur l’homosexualité refoulée, alors ? Sur la folie ? Un peu de tout ça, oui. Mais avant tout un film sur les Etats-Unis. Une mise en scène parfaite, avec une tension sourde qui ne cesse de monter. Trois acteurs au sommet (Channing Tatum, Mark Ruffalo et Steve Carell). Et on m’a dit que je ressemblais à Mark Ruffalo, ce qui était le plus chouette mensonge de 2015.

2) Le Dernier coup de marteau, Alix Delaporte
Mon coup de cœur de l’année. Une grande sensibilité dans ce film sobre, humble, et lumineux. Et une vraie révélation, le jeune Romain Paul, dont l’absence dans la liste des nominés pour la meilleure révélation aux Césars 2015 est totalement incompréhensible. Bon, en même temps, il a reçu le prix Marcello Mastroianni de la révélation masculine à la Mostra de Venise 2015, juste récompense de sa performance parfaite, tout en émotion rentrée. Photo magnifique de Claire Mathon. Alix, Claire... Bordel, j’adore quand les filles font du cinéma ! 

1) Sicario, Denis Villeneuve
Une mise en scène tout en virtuosité ; un Benicio del Toro qui n’a jamais été aussi bon (à part, peut-être, dans le rôle de Fred Fenster, mais c’est un avis qui manque cruellement d’objectivité) ; et une Emily Blunt parfaite, même si on aurait adoré voir Jessica Chastain dans ce rôle. Plus, pour moi, le prix éminemment subjectif de la meilleure musique de film de l’année (Jóhann Jóhannsson). Note pour plus tard : relire La griffe du chien, de Don Winslow. 


Auraient été dans mon Top 10 2015, s’ils étaient sortis quelques semaines plus tard : Whiplash de Damien Chazelle, et surtout A most violent year de J.C Chandor. Laissés de côté avec regret : Amy, Mia Madre, Les chansons que mes frères m’ont apprisesBirdmanLe Fils de Saul, Ni le ciel ni la terre. 


Découvrez aussi :
le Top 10 2015 de Marcel Martial

Replongez-vous dans cette année cinématographique 2015, avec deux beaux montages.

Fred Fenster

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