En DVD : A force de voir et revoir certains films à la télé, on n'y prête moins attention. On les connaît donc on zappe en cours de route ou on se lève pour faire autre chose avant de revenir pour le moment qu'on aime bien.
La sortie en DVD d'Adieu Poulet (1975), chez TF1 Video, permet de (re)découvrir ce bon film dans des conditions optimales : bonne qualité de l'image et du son, pas de coupure pub, pas de zapping, prévoyez de faire vos besoins ou de prendre votre verre d'eau avant de sélectionner "démarrer film".
Un flic en colère
L'histoire, tiré d'un roman adapté par Francis Veber, nous plonge dans la France giscardienne : dans une ville de province, pendant une campagne électorale, un colleur d'affiches est battu à mort par un des gros bras employés par un politicien local, Pierre Lardatte (Victor Lanoux). Un policier arrivé sur place se fait également tuer par le même nervi (Claude Brosset). Le commissaire Vergeat (Lino Ventura) et son adjoint Lefèvre (Patrick Dewaere) mènent l'enquête. Mais Lardatte use de son influence pour limiter leur champ d'action.
La réalisation de Pierre Granier-Deferre est inspirée mais datée (les zooms, notamment). Idem pour la musique de Philippe Sarde : je préfère son score "jazzy" dans Flic ou Voyou ; ici, sa partition est trop décalée. En revanche, les dialogues de Veber font mouche, apportant humour et finesse à ce sombre récit. Les acteurs sont tous excellents, de Claude Brosset à Julien Guiomar en passant par Claude Rich, Victor Lanoux, Michel Peyrelon et Pierre Tornade. Une preuve supplémentaire que le cinéma français est un cinéma de seconds rôles.
Lino et Dewaere
Mais évidemment, l'intérêt majeur du film, ce sont ses deux têtes d'affiche : Lino Ventura et Patrick Dewaere. Comme l'explique très bien la fille de Ventura dans le seul mais passionnant bonus (hormis la bande-annonce de l'époque), c'était gonflé d'associer la méga star de l'époque, Lino Ventura, avec la vedette montante, Patrick Dewaere, tout juste auréolé du succès des Valseuses.
D'autant que le style de jeu du Lino, classique, est à l'opposé de celui de Dewaere, plus naturaliste, façon Actor's Studio. Et c'est criant dans le film mais l'association fonctionne à merveille. Quel bonheur de les voir ensemble, à l'écran ! Et pendant le tournage, après des petites tensions (Dewaere avait tendance à ne pas respecter les horaires, ce qui irritait le Lino, très pointilleux), les deux hommes étaient copains comme cochons, souligne la fille de Ventura.
Bref, si vous ne connaissez pas ce bon polar made in France, procurez-vous le DVD. Et si vous l'avez déjà vu, il y a longtemps, en zappant d'une chaîne à l'autre, redécouvrez-le avec un oeil neuf.
Anderton