lundi 1 octobre 2018

Décès de Charles Aznavour : viens voir le comédien

Artistes : Avec le décès de Charles Aznavour, à 94 ans, les hommages pleuvent, accompagnés de tous les superlatifs. Normal pour un tel artiste. Ses chansons sont aussi éminemment cinématographiques : pensez à La Mamma, La Bohème, Comme ils disent ou Les Plaisirs démodés. Le chanteur a d'ailleurs commencé sa carrière devant la caméra, dès 1936, à l'âge de 12 ans. De figuration en petits puis grands rôles, Aznavour a joué dans tous les registres. J'ai surtout été marqué par sa période des années 50 et 60. Maigrichon au visage impassible et mal rasé, il y joue des personnages gouailleurs ou fâchés ; des nerveux prêts à exploser ; des adeptes de la sentence qui claque - Audiard oblige. Petit florilège complètement subjectif.



Tirez sur le pianiste (1960) - François Truffaut
La musique adoucit les moeurs, dit-on. Pas pour Charlie Kohler, "un virtuose qui joue des panouilles" selon son frangin. Lequel le met dans une sale situation. Charlie s'appelle en fait Edouard Saroyan et ce rôle va coller à la peau d'Aznavour en même temps que lui apporter une reconnaissance au-delà de Paname.


Un Taxi pour Tobrouk (1960) - Denys de la Patellière

En 1942, un commando des forces françaises libres erre dans le désert libyen avant de capturer un officier allemand. Lino Ventura, Charles Aznavour (dans un de ses plus beaux rôles) et Maurice Biraud font partie de la troupe franchouillarde et râleuse tandis que Hardy Krüger incarne l'officier allemand cultivé. Les dialogues, signés Michel Audiard, font mouche et certaines répliques sont restées dans les annales ("Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche"). Avec cette comédie d'aventure qui bascule dans le drame, Denys de la Patellière crée un climat quasi-surréaliste et livre un bouleversant plaidoyer pacifiste et humaniste.




Horace 62 (1962) - André Versini
La tragédie de Corneille revisitée en vendetta corse à Paris. Charles Aznavour incarne Horace Fabiani, un Corse rebelle aux histoires d'honneur d'un autre temps. Il offre une composition sèche, visage fermé, ton monocorde. Face à lui, Raymond Pellegrin et Jean-Louis Trintignant. Mise en scène inspirée jusqu'à l'affrontement final dans la nuit parisienne sur fond jazzy. Les dialogues sonnent juste et pour cause, ils sont signés René fallet.



La Métamorphose des cloportes (1965) - Pierre Granier-Deferre
Un scénar d'Alphonse Boudard, adapté par Albert Simonin, avec un dialogue de Michel Audiard. Du cinéma de papa comme on l'aime. Il y a Lino Ventura qui joue un "gan'ster" qui sort du trou et bien décidé à venir corriger ses anciens partenaires qui l'ont lâché. Parmi eux, Alphonse, vrai escroc devenu faux fakir. Faut voir Aznavour sur sa planche à clous et prédisant l'avenir dans sa boule de cristal. Raté jusqu'au bout, il ne verra pas qu'il finira sa vie à flotter sur la Seine. Rama, Rama, Rama.


Les Fantômes du chapelier (1982) - Claude Chabrol
Aznavour en brave tailleur terrorisé par son voisin chapelier, tueur en série. Le grand Charles se fait petit et inquiet. Jeu économe face à Michel Serrault, habité, fou. Simenon, Chabrol. Et Concarneau la nuit.


Et puis, autre ambiance, autre écran. Aznavour est quand même l'un des rares Français à avoir été l'invité du Muppet Show. Kermit est presque aussi grand que lui.



Le comédien a prêté sa voix à Carl Fredricksen dans Là-Haut (2009) de Pete Docter et Bob Peterson.



Et il a également interprété avec Liane Foly la chanson phare de La Belle et la bête (1992).



J'ai aussi découvert qu'Aznavour avait participé au B.O de plusieurs films de... Max Pécas. Mais je préfère en rester à mes beaux souvenirs. Respect, Charles.

Anderton 

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