Artistes : Arthur Penn est mort et ça me fait quelque chose. Avec l'ami Travis Bickle (et Marcel Martial en embuscade), nous avions découvert ce cinéaste au lycée, à une époque que les moins de 20 ans et plus ne peuvent pas connaître. Vingt ans, putain...
Sous l'égide d'un critique de cinoche talentueux mais peu pédagogue et d'un prof de philo admirable, nous avions revisité la filmographie de Penn. Je ne jurais alors que par Spielberg, Dante et Landis et j'ai découvert un réalisateur ambitieux et engagé, un de ceux qui ont ouvert la voie à la génération Scorsese et Coppola. Le bonhomme avait réussi à concilier films d'auteur et grand spectacle.
Indian Apocalypse
Evidemment, ses films les plus connus sont de grands succès populaires : Bonnie & Clyde (1967) et Little Big Man (1970). Ils ont marqué leur temps et frappent, toujours, par leur modernité tant par leur message subversif (critique féroce de la société américaine et de l'establishment) que par leur réalisation. Car Arthur Penn était un metteur en scène inspiré. Prenez Little Big Man : l'attaque du camp indien par la cavalerie, qui apparaît à l'aube, précédée par l'air enjoué des flûtes et des tambours, ne vous évoque rien ? On peut penser que Francis Coppola s'est inspiré de cette séquence magnifiquement réalisée et montée pour montrer l'attaque du village vietnamien par les hélicos au son de Wagner dans Apocalypse Now.
Arthur Penn a tourné avec la nouvelle génération d'acteurs américains, celle de l'Actor's Studio : Paul Newman, Warren Beatty, Robert Redford, Marlon Brando - qui se fera vraiment casser la gueule pour accentuer le réalisme d'une scène dans La Poursuite Impitoyable (1966) -, Gene Hackman, Faye Dunaway, Jack Nicholson...
Missouri Breaks (1976) sonne le glas de la carrière de Penn : il est accusé d'avoir tué le western ! Et c'est vrai qu'il faudra du temps pour qu'Hollywood se remette à filmer des cow-boys après ce film bien barré, dans lequel Brando et Nicholson pissent en ricanant sur la légende de l'Ouest américain. On est loin du Gaucher (1958), le premier film de Penn, un western déjà... Suivront Georgia (1981), une belle chronique douce-amère sur un quatuor amoureux (Four Friends est le titre original), et trois autres longs-métrages. Puis plus rien. Retour à la case télé. Une petite filmo pour quelques grands films que je vous incite vivement à (re)découvrir.
Anderton
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