En salles. Pour faire partie de l’équipe de Barney Ross, il n’est pas nécessaire de savoir lire. En revanche il faut aimer l’effort physique et avoir déjà démonté du Viêt-Cong. Il est également préférable d’être tatoué et de disposer d’un permis moto sous peine de passer pour une tapette et de se retrouver constamment à la traîne. Ne pas avoir de famille ni d’autres attaches affectives est un plus. Il est enfin indispensable d’être américain. Si par ailleurs vous avez un pseudo rigolo (Christmas, Gunnar, Yin Yang, Paine etc.), vous serez accueillis à bras ouverts !
Sylvester Stallone est Barney Ross, le chef des "expendables" (parenthèse Houellebecq : Barney Ross est le nom d’un boxeur américain héros de la seconde guerre mondiale). En tant que seule tête pensante de l’unité spéciale, c’est à lui que revient le loisir de fixer le calendrier des missions. J’aime autant vous dire que ses hommes jouent rarement au scrabble. Sans état d’âme, ils prêtent leurs bras à ceux qui peuvent se les offrir : si vous avez un problème, si personne ne peut vous aider et si vous pouvez les trouver, peut-être pourrez-vous vous aussi louer leurs services. Attention toutefois à ne pas heurter leur sens de l’honneur qu’ils ont très développé. Défendre la veuve et l’orphelin oui, traquer des trafiquants de drogues pourquoi pas, mater une révolution populaire jamais. Ce grand cœur les amène régulièrement à travailler gratis, surtout si la veuve est jolie et l’orpheline pas farouche.
Dans la même veine que John Rambo, The Expendables traite de la culpabilité consubstantielle à l’état de soldat. Constamment en recherche de rédemption, spécialement quand ils ont passé les 50 ans, ces guerriers mercenaires ne rechignent devant aucun sacrifice pour racheter leurs fautes. Et si cette expiation passe par le tabassage de quelques crapules non anglophones, c’est tant mieux pour les spectateurs. Tu ne tueras point ton prochain certes, encore faudrait-il que les suivants ne soient pas anti-américains. Et si par le plus grand des hasards ils s’avèrent anti-américains, patibulaires et malpolis, ils ne méritent pas de vivre dans le même monde que Barney.
Le nouveau film de Stallone exhale des relents eighties bien bourrins heureusement compensés par un second degré omniprésent. Ces vieux briscards des vidéoclubs savent pertinemment qu’ils n’ont plus l’âge de ces conneries…Rambo a des varices et, je le suppose, des problèmes de prostate. Il peut encore distribuer quelques baffes mais pour peu que l’opposition soit relevée et il s’incline (le vieux Barney se fait notamment rossé par l’homme qui valait 3 milliards). Cette lucidité salvatrice apporte un peu de légèreté à un scénario écrit sur une aire d’autoroute par un Chuck Norris frustré de ne pas faire partie du casting. De là à dire que « le film prend de jolis accents hawksiens », il n’y a qu’un pas que franchi allègrement Chronic’Art qui tente justifier un plaisir régressif en invoquant une filmo que son lectorat ne connaît pas. Comme si Marc Levy avait lu Stendhal.
Mon conseil : un film dans lequel des gros bras ringards dégomment des méchants sadiques avec le sourire ne peut pas être mauvais. Avec de l’autodérision en sus, le film devient culte.
Sentenza
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