Préambule d’un intérêt mineur : Dudu roi.
Après 3 semaines passées dans les tréfonds d’une campagne française où les chances de croiser une borne wifi sont presque aussi élevées que celles d’éborgner une vache unijambiste, je reviens à la civilisation avec la conviction profonde que le cinéma est un art contingent exclusivement urbain. Quand on a l’opportunité de croiser l’ancien amant de la mère de Gilbert Montagné dit Dudu, 80 ans au compteur et dont le teint couperosé incite à penser que la poire qu’il distille n’est pas destinée à la vente, on éprouve sans doute moins le besoin d’aller assister aux dernières cabrioles futiles d’un Tom Cruise émail diamant (même s’il est vrai qu’avec 32 dents, le petit homme en a 31 de plus que Dudu).
Loin de moi l’idée d’opposer une nouvelle fois l’authenticité crade du terroir à la sophistication hygiénique et souvent maniérée qui touche le cinéma français, comme celui de divertissement, mais je persiste néanmoins à penser qu’aucun George Clooney ne pourra jamais dire avec autant de justesse qu’un Dudu des campagnes : « Je n’ai jamais trompé ma femme, en revanche je me suis souvent trompé de femme». Ce qui ne m’empêche pas de me ruer dans les salles obscures dés que Tom Cruise et George Clooney jouent dans un nouveau film. De toute façon Dudu n’a pas de téléphone.
Night and Day : Tomtom et Nana
En salles : Roy a les dents blanches, le poil brillant et la queue qui frétille. Il compense un handicap vertical prononcé par une agitation hystérique de tous les instants. June a également les dents blanches, le jean slim et l’œil qui pétille. Elle est blonde. Outre leurs aventures trépidantes autour du monde, ces deux personnages ont le point commun d’être interprétés par des acteurs vieillissants dont le sexe à piles s’émousse au fur et à mesure de filmographies répétitives. Si les pattes d’oie de Tom Cruise peuvent encore faire illusion, le botox de Cameron Diaz ayant la fâcheuse tendance à dénaturer ce qu’il gonfle ne suffit plus à dissimuler les ravages du temps.
Ces remarques seraient sans doute d’un intérêt négligeable si Night and Day ne reposaient pas essentiellement sur ses personnages caricaturaux et un aspect parodique malheureusement non assumé. Le scénario prétexte ménage bien quelques tentatives pour rendre dérisoires les archétypes qui ont fait le succès des deux acteurs principaux, l’agent voltigeur et la blonde décérébrée, mais le film s’enfonce rapidement dans un des travers du cinéma ricain : le mélange incontrôlé des genres, mélange qui ne satisfait personne à l’exception du sempiternel adolescent qui se cure le nez à votre droite en tentant maladroitement de peloter sa copine qui aurait préféré aller voir Twilight. La comédie n’est donc pas drôle, l’action mollassonne, la romance prévisible et la parodie ratée.
Finalement Night and Day n’a qu’un seul avantage : celui d’être suffisamment rythmé pour vous éviter de regretter l’haleine chargée d’un Dudu synonyme de grandes vacances. Et c’est déjà pas mal.
Mon conseil : à force d’avoir le cul entre deux chaises, on finit par se casser la gueule.
Sentenza
1 commentaire:
Dans quelques années, quelques mois, quelque semaines, Sentenza, tu reverras "Night and Day", et tu te demanderas comment tu as pu penser que le second degré et le ton parodique du film avaient pu te sembler non assumé. Car il l'est tout à fait, et c'est ce qui fait le sel du film !
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