mercredi 20 juin 2018

Revenge : un film qui dynamite le genre

En DVD et Blu-ray : Avec Revenge, Coralie Fargeat a tiré un coup de fusil à pompe dans le film de genre. Une sorte d'hommage irrespectueux et jouissif. A voir et revoir à l'occasion de la sortie en vidéo, chez Sony Pictures Home Entertainment.


Tout est dit dans le titre comme sur l'affiche : Revenge est un film sur la vengeance. Celle d'une jeune femme, violée et laissée pour morte par trois hommes. Une intrigue simple, minérale, à l'image du désert où se déroule l'action. Dans une superbe villa, trois hommes d'affaires (Kevin Janssens,Vincent Colombe et Guillaume Bouchède) se retrouvent pour participer à une partie de chasse. L'un d'eux est venu avec sa maîtresse, Jennifer (Matilda Lutz, formidable). Sexy et consciente de l'être, un poil provocante mais aussi inconsciente du désir qu'elle suscite chez l'un des associés de son amant. Et ça dérape. Sauf que les trois chasseurs s'en sont pris à la mauvaise proie.


Coralie Fargeat joue avec les codes du film de genre. Des personnages clairement définis, presque caricaturaux ; un environnement hostile, sauvage ; des courses-poursuites haletantes ; des affrontements brutaux, gore même. Et puis, la cinéaste impose un style. Fort, marqué par des plans symboliques, à l'esthétique soignée. Couleurs vives, tranchées. Des plans que Fargeat enchaîne dans un montage cut ou qu'elle laisse perdurer pour mieux installer une ambiance menaçante. On en prend plein les yeux et plein la gueule. 

D'autant que Coralie Fargeat connaît ses classiques : si, dans un bonus du DVD, elle évoque être inspirée par David Cronenberg, David Lynch ou Michael Haneke, Revenge évoque bien d'autres références. Pour ma part, j'y ai vu des hommages et clins d'oeil à Mad Max, Shining, Evil Dead, La Horde sauvage, Lolita... Et aussi à John Carpenter (jusque dans le score). 

Fargeat dynamite le (cinéma de) genre

Et je dois dire que c'est d'autant plus jouissif que Coralie Fargeat dynamite ces codes et ces références en racontant l'histoire d'une femme qui se libère de l'oppression masculine. Celle qui résume une femme à un corps, celle qui associe la sensualité au consentement à des rapports sexuels. Pour les trois businessmen, Jennifer est une fille qu'on baise et qu'on jette. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce qu'a déclaré Cate Blanchett sur les actrices : "Looking sexy doesn't mean we want to fuck you". Jennifer a choisi son partenaire, elle n'a pas demandé à coucher avec les autres. Elle n'a rien d'une héroïne : elle est futile mais loin d'être con. Surtout, elle a un instinct de survie à toute épreuve. La biche devient lionne. Jusqu'à l'affrontement final avec l'homme dans toute sa nudité (à tous les sens du terme). Un homme qui incarne tout ce qu'il y a de pire chez les hommes : la violence, la veulerie, la lâcheté, la domination.

J'ai beaucoup aimé ce nouveau regard. Et je ne suis pas le seul. Revenge a marqué les esprits. Hâte de découvrir le prochain film de Coralie Fargeat. 

Anderton



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