A lire : Et si ni Joe Biden, ni Donald Trump n'étaient élus président des Etats-Unis d'Amérique en novembre prochain ? Si, à la surprise générale, une adolescente devenue star malgré elle des réseaux sociaux s'installait à la Maison-Blanche ? C'est le pitch de Prez, un album de BD qu'on aurait presque du mal à classer dans le rayon science-fiction tant ses auteurs ont à peine exagéré les travers de la société américaine.
En préambule du récit, l'éditeur Urban Comics rappelle que cette histoire d'ado devenu président des Etats-Unis a été une première fois publiée chez DC Comics dans les années 70. Le scénariste Mark Russell la revisite en six épisodes avec cette fois-ci pour protagoniste, non plus un jeune homme mais une jeune femme, Beth. Serveuse dans un fast-food, l'ado se coince les cheveux dans la friteuse. Son collègue s'empresse de partager sa gaffe. La voici devenue icône 2.0 à l'insu de son plein gré. Et alors que deux candidats à la présidence n'arrivent pas à se départager, la candidature de Beth est poussée par des petits malins, puis soutenue par des politiciens retors... et la voici élue !
Russell brosse une satire de la société américaine qui s'avère moins ridicule que prévu. Les politiciens sont incompétents et prêts à tout pour se faire élire ou obtenir des avantages ; les grandes corporations font la loi à la Maison-Blanche, profitant d'un virus pour faire du chantage au vaccin ; les marques sont omniprésentes ; les réseaux sociaux et l'infotainment envahissent l'espace public et s'incrustent dans l'intimité des gens ; la guerre est menée à distance par des geeks irresponsables devenus pilotes de robots exterminateurs... Evidemment que le scénariste force le trait, jouant et se jouant des théories du complot qui fleurissent sur la toile et se répandent dans les médias. Russell assume son mauvais esprit et son humour grinçant. C'est drôle, excessif et finalement, pas si éloigné de la vérité !
Le dessin de Ben Caldwell est parfait pour traduire en images ce grand n'importe quoi. Son style un peu cartoon accentue la caricature et ajoute de l'humour aux situations. Résultat : un album très coloré, qu'on lit en se délectant de son outrance et qui, souvent, vise juste. Au point que le sourire du lecteur se fige alors dans un rictus.
Anderton
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