En DVD et Blu-ray : Sidonis Calysta sort une belle édition vidéo de Barabbas (Barabba, 1961), un péplum de Richard Fleischer porté par la magistrale interprétation d'Anthony Quinn.
Barabbas est le brigand condamné à mort que le peuple de Jérusalem choisit de sauver, de préférence à Jésus. Le criminel a eu à peine le temps de croiser le Christ mais cette rencontre le marque à jamais. Rongé par une forme de culpabilité, il ne parvient pas pour autant à croire en celui que certains appellent le fils de Dieu.
Anthony Quinn est parfait pour ce rôle d'homme frustre et brutal, littéralement frappé par la grâce mais incapable de se laisser (em)porter par elle. L'acteur présente un visage minéral qui exprime la sidération et l'incompréhension. On ressent sa souffrance, qu'il peine à cacher sous des fanfaronnades ou qu'il déverse lors d'accès de colère. Quinn a le physique d'une brute qu'il transforme en écorché vif. Il est poignant de bout en bout, traversant les épreuves de la vie (il sera fait esclave puis gladiateur) avec une détermination désenchantée.
Sur son chemin, il croise une autre brute mais cette fois-ci, un psychopathe de la pire espèce : le gladiateur Torvald, joué par un Jack Palance inquiétant. Son rire fou avant d'entrer dans l'arène glace le sang. Egalement au générique : Silvana Mangano et le jeune Vittorio Gassmann, qui interprètent des chrétiens qui ne parviennent pas à transmettre leur foi à Barabbas ; Katy Jurado et Ernest Borgnine.
La croix et la manière
A la réalisation, Richard Fleischer. Une fois de plus, le cinéaste, qui a touché à tous les genres souvent avec maestria, fait montre de son savoir-faire en matière de mise en scène. Certaines images restent gravées dans nos rétines, comme l'éclipse lors de la crucifixion, l'apparition de Lazare et surtout la séquence où Barabbas sort de sa geôle et se retrouve ébloui par l'apparition du Christ enchaîné. Certainement la plus belle apparition de Jésus au cinéma, avec celle dans Ben-Hur, quand le légionnaire est pris de sidération (1:41).
Fleischer soigne les séquences d'action - et il y en a quelques-unes marquantes, dans les mines de soufre et dans l'arène - sans jamais négliger ses personnages, et le premier d'entre eux, celui dont nous partageons le désespoir et surtout, la déchirante humanité.
Le film est proposé dans un beau master et complété par des bonus passionnants, l'un sur Anthony Quinn tandis que le regretté Bertrand Tavernier et le précieux Patrick Brion nous enchantent en décryptant l'oeuvre, qui ne rencontra pas le succès escompté par son producteur Dino de Laurentiis. Un échec injuste et aujourd'hui réparé.
Anderton
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