En salles : Depuis Les Dents de la mer, on ne peut plus se baigner l'esprit tranquille. Merci Tonton Spielberg ! Bon, on se rassure comme on peut, en se disant que le grand requin blanc préfère le buffet à volonté yankee de Cape Cod que le plateau de touristes européens de Biscarosse. Et voilà que les frangins Boukherma viennent nous inciter à y réfléchir à deux fois avant de tremper nos pieds dans l'eau en réalisant L'Année du requin, qui sort sur les écrans ce mercredi. Certes, on rit avec Marina Foïs, Jean-Pascal Zadi et Kad Merad, mais on sursaute aussi.
Venu profiter des plaisirs maritimes de la côte atlantique, un plaisancier ne regagne jamais le rivage d'une station balnéaire landaise. Tout donne à croire que l'homme a été attaqué par un requin. A quelques jours de la retraite, la gendarme Maja est bien décidée à mettre le grapin sur la bestiole qui provoque déjà des vagues sur la fréquentation touristique. Le monstre est attrapé, Maja devient une célébrité locale. C'est alors que les restes d'une deuxième victime sont retrouvés sur la plage. Désormais honnie de tous, Maja est blessée dans son orgueil. Quille ou pas, elle reprend du service pour mettre le squale hors d'état de nuire.
Faut être gonflé ou inconscient pour réaliser un film sur un requin tueur tant Spielberg a signé un chef d'oeuvre, souvent copié mais jamais égalé. "Même pas peur", semblent répondre Zoran et Ludovic Boukherma qui ont été applaudis pour leur relecture du mythe du loup-garou avec Teddy. Le duo ne cherche pas à échapper à l'influence de Jaws ; au contraire, ils s'amusent à y faire référence. Sans lourdeur, pas besoin puisque le spectateur y pense immédiatement. Comme Spielberg, ils attendent un peu avant de révéler la bête au regard du public. Et même quand ils la montrent, les cartésiens que nous sommes tendent à se dire que "non mais c'est pas possible, ça peut pas être ça".
Et ce qui débute comme une comédie qui fait penser aux Vacances de Monsieur Hulot bascule progressivement dans un thriller d'autant plus efficace que les séquences humoristiques ne nous préparent pas aux coups de flippe en haute mer. Ce mélange des genres fait le charme du film, de même que l'association d'interprètes professionnels et amateurs avé l'assent du coin. Il en résulte une atmosphère unique, souvent drôle, parfois inquiétante mais aussi poétique et même émouvante. Autant de tons que l'on retrouve dans le jeu de Marina Foïs, qui campe Maja avec beaucoup de nuances et de sensibilité. La voici déterminée, puis désemparée puis paumée, maltraitée et enfin, gonflée à bloc. Elle nous touche, Marina. Kad Merad est impeccable en mari aimant, un peu en retrait mais prévenant ; on se dit même qu'il est un poil sous employé jusqu'au final où, en une phrase, la voix-off lui donne toute son importance. Au point qu'on en est presque bouleversé. Quant à Jean-Pascal Zadi, il est toujours aussi drôle tout en étant capable en un instant de devenir plus grave et de nous montrer l'étendue de son talent.
Il faut aller voir L'Année du requin. Tant pis si on met ensuite un peu de temps à entrer dans la mer. De toute façon, l'eau est toujours trop froide à mon goût.
Anderton
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