lundi 1 août 2011

Une Vie Tranquille : camorra cachée


En salles : On n'échappe pas à son passé. Rosario y a longtemps cru. Il a refait sa vie en Allemagne, dans une petite ville sans histoire, au milieu d'une grande forêt. Il a épousé une Allemande avec laquelle il a eu un fils. Il a ouvert un restaurant apprécié dans la région. Et l'arrivée de deux jeunes Italiens, Edoardo et Diego, a ébranlé cette situation apparemment stable. L'édifice se fissure progressivement tandis que les liens entre Rosario et Diego se révèlent.



Une Vie Tranquille (Una Vita Tranquilla) est en quelque sorte le pendant de Gomorra (découvrez notre dossier) : le film s'intéresse à la Camorra hors de ses frontières. Mais autant Gomorra enchaînait les scènes choc et trépidantes avec un parti pris esthétique très marqué, autant Claudio Cupellini, le réalisateur d'Une Vie Tranquille, impose un rythme lent. Longs plans, rares effets de caméra, photo sombre, peu de couleurs vives. L'ambiance paisible devient étouffante, oppressante même.

Pour autant, Cupellini aurait gagné à rendre son film plus dense, à resserrer l'intrigue et à accélérer progressivement le rythme au fur et à mesure que la tragédie se met en place. Je ne me suis jamais ennuyé mais la mise en scène aurait pu être un peu moins tranquille.

Divin Servillo

L'intérêt du film repose beaucoup sur la présence de Toni Servillo (Il Divo, Gomorra encore). Avec une économie de moyens, il est exceptionnel en père peinard qui cache un secret sous des sourires affables et un regard triste. Son prix d'interprétation au Festival de Rome est entièrement mérité. Quel acteur ! Mentions spéciales également à Marco d'amore et Francesco di Leva : ils incarnent avec justesse deux petites frappes qui recherchent l'amour sans pouvoir le trouver. La violence est leur seule compagne. Jeunesse perdue.

Malgré ses défauts, Une Vie Tranquille est un polar qui ravira les amateurs d'ambiance. Et mine de rien, le film contribue à sa manière à expliquer à quel point la société italienne va mal. Très mal. J'en profite pour lancer un grand bravo à Bellissima, un distributeur qui nous permet d'apprécier la diversité et la qualité du cinéma transalpin.

NB : ne regardez pas la bande-annonce, elle en dit trop, à mon goût.

Anderton

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