lundi 21 octobre 2019

Charles II : le faste et le vice en mini-série

En DVD (le 23 octobre) : La BBC sait donner donner de l'ambition et du souffle aux fresques historiques qu'elle produit. Illustration avec Charles II Le pouvoir et la passion, réalisé par Joe Wright et interprété par Rufus Sewell, Martin Freeman et Mélanie Thierry. Cette excellente mini-série n'était jamais sortie en France. Peut-être parce que le roi d'Angleterre en question n'est pas le plus connu chez nous. Koba Films met fin à cette aberration.  



Charles II, qui a régné sur l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande au XVIIe siècle, était surnommé le Monarque joyeux (Merry Monarch) pour son hédonisme... ou sa débauche. Question de point de vue. Pour autant, le jeune Charles dût quitter son pays en 1651, après l'exécution de son père Charles Ier. Il vécut en exil sur le continent et ne revint sur le sol anglais qu'en 1660, à la mort de son adversaire, le républicain Cromwell. Alors âgé de 30 ans, il prit la tête d'un royaume fragilisé par la récente guerre civile, miné par les affrontements entre protestants et catholiques, menacé par les Pays-Bas tandis que le Parlement entendait bien maintenir son pouvoir sur le monarque.


Ecrite par Adrian Hodges, la mini-série nous présente un jeune homme profondément marqué par l'exécution de son père. Toutes ses actions n'auront dès lors qu'un objectif : rétablir puis maintenir la dynastie Stuart sur le trône. Influençable, Charles II a bien du mal à résister aux exigences de sa mère, Henriette-Marie de France (Diana Rigg, Emma Peel dans Chapeau Melon et bottes de cuir) qui veut qu'il se convertisse au catholicisme, tandis qu'il tente de s'affranchir du contrôle des parlementaires, tel Lord Shaftesbury (Martin Freeman - Sherlock, Le Hobbit), et de résister aux manoeuvres de son entourage, le fidèle Duc de Buckingham (Rupert Graves, Lestrade dans Sherlock), son mentor Sir Hyde (Ian McDiarmid, l'empereur Palpatine dans Star Wars) et son frère James qui refuse d'abjurer la foi catholique (Charlie Creed-Miles). 

Star Wars 1660 : l'empereur Palpatine (Ian McDiarmid) et son armée de Sith
ont vaincu la rébellion et les Jedi 

Les quatre épisodes nous montrent également un roi marié pour raisons d'Etat à la stricte Catherine de Bragance (Shirley Henderson - Mimi Geignarde dans Harry Potter). Un mariage terne qui le prive de descendance et auquel il échappe en rejoignant de multiples maîtresses, telles la manipulatrice Comtesse de Castlemaine (Helen McCrory - Fearless, Skyfall) ou la pleurnicheuse Louise de Kéroualle (Mélanie Thierry). Pour autant, Rufus Sewell (Dark City, Les Piliers de la terre) incarne Charles II avec beaucoup de caractère, parvenant à exprimer sa détermination derrière la frivolité et les hésitations. Il nous fait vivre son évolution pour devenir un chef d'Etat accompli. Complètent également ce bon casting : Eddie Marsan (Ray Donovan, Vice) ainsi que Christian Coulson et David Bradley, qui ont respectivement interprété Tom Jedusor et Argus Rusard dans Harry Potter.

Beau score de Robert Lane. Les décors et costumes sont somptueux - BBC oblige ! Joe Wright (Les Heures sombres) signe une mise en scène qui colle au plus près des visages, pour mieux nous faire partager les émotions des personnages dignes du théâtre shakespearien, tout en proposant quelques magnifiques travellings qui traduisent la majesté de certaines séquences. Parmi les temps forts de la mini-série, qui ne cache rien des galipettes royales : l'exécution de Charles Ier, l'épidémie de peste, le grand incendie de Londres et une partie de campagne mélancolique laissent des souvenirs marquants aux spectateurs. Le Bafta de la meilleure série dramatique est amplement mérité. Koba Films complète les quatre épisodes par un making of qui donne la parole au réalisateur et à ses acteurs.

Anderton

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