En salles : En exil quelques jours, la semaine dernière, au Festival de Cannes, (y’a pire j’avoue !), j’ai malheureusement raté la projection hors compétition officielle du très attendu film de Xavier Durringer : La Conquête. Piquée par la curiosité, j’ai enfin découvert, la tête décapitée qui s’affiche dans toutes les salles depuis mercredi dernier.
Ironie bien sûr, car tout le monde sait que le film porte sur notre Président de la République : M. Nicolas Sarkozy. Un film donc très engagé, a priori, et qui tombe plutôt à point par ces temps de tumulte, que dis-je, de bourrasque politique. Rions donc, "avant que d’avoir peur d’en pleurer"…
Ascension pour le Château
Oui, cette histoire est une fiction basée sur des faits réels et des personnages existants. Une grande histoire : l’ambition d’un homme décidé à conquérir le fauteuil du plus haut chef de l’Etat et de ses cinq années de bataille politique pour y arriver. Oublions que cet homme existe réellement. On se laisse très facilement embarqué dans cette ascension, dans cette course à la Présidence, pleine de fougue, de stratégie, de passion. Car le personnage principal est exalté, enragé, il veut gagner et ira jusqu’au bout de son rêve.
Porté par ses amis et fidèles compagnons de l’UMP, ses choix seront ceux d’un homme avide de réussite mais surtout de reconnaissance. Le petit homme, fils et petit-fils d’immigrant, aime la France et entend bien la changer. Il se dit acteur et réalisateur de l’actualité. Il est partout, sur tous les fronts et de toutes les batailles. Face au Président et à son premier ministre, il s’impatiente. Les rencontres entre Sarkozy et Chirac (Bernard Le Coq) sont délicieuses d’hypocrisie alors que les déjeuners avec de Villepin (Samuel Labarthe) sont grinçants de sarcasme. On ne peut qu’en rire.
Trop parfait ?
Les dialogues sont souvent drôles et les phrases ironiques tombent tels des couperets. Mais, les personnages sont bien réels, trop réels. Denis Podalydès interprète avec brio ce politicien ambitieux. Tout est là. L’attitude, la démarche, les tics et le moindre regard. Même la voix est à s’y méprendre. Il faudrait crier bravo pour cette magnifique interprétation et pourtant, j’aurais préféré un héros moins parfait, s’inspirant plus de faits réels que dupliquant en tout point le personnage.
Le réalisateur a si bien copié-collé la réalité que cela en devient comique. On se croirait aux Guignols de l’info tellement les personnages sont grotesques de ressemblance. Une grande piste aux étoiles avec ses fourberies. Est-ce parce que pour la première fois, les personnages sont toujours au pouvoir ?
Captivant
Rien d’irrévérencieux dans ce film, c’est même l’éloge de la conquête, ses ruses et ses petits secrets. Mais c’est aussi une triste leçon d’ambition sanctionnée par la perte d’un amour. L’héroïne du film, c’est Cécilia (Florence Pernel). La femme qui le porte des années durant jusqu’à la Présidence. Celle qui l’encourage à rester un homme du peuple, un homme accessible à ses électeurs. Celui qui ne craint pas l’affrontement et la bataille. Celui pour qui elle n’aura d’yeux et à qui elle donnera des années de soutien et de conseils. Lui, il se perdra dans cette conquête et se retrouvera seul en pleine victoire. Pour sauver la face, Cécilia reviendra, sacrifiera une relation amoureuse naissante (momentanément, car vous connaissez la suite…) ira jusqu’au bout de son devoir et de ses promesses.
Le pouvoir, l’amour, des amitiés ambitieuses, des ennemis courtois et beaux joueurs, des chefs sarcastiques, des journalistes cyniques… Un scénario qui réunit tous les ingrédients pour faire de cette comédie dramatique, une histoire captivante et une belle leçon de persévérance.
Mrs Peel
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