En DVD : Cela fait combien de temps qu'Oliver Stone ne nous a pas envoyé de bonnes nouvelles ? Quasiment 12 ans, avec L'Enfer du Dimanche. Depuis cette fresque journalistico-sportive, le cinéaste de Platoon nous envoie bouse sur bouse, à la poursuite d'un savoir-faire dont il semble avoir perdu le secret : Alexandre, W, World Trade Center, Wall Street 2.
L'édition DVD par Carlotta de Talk Radio vient à point nommé nous rappeler combien Stone a pu être un cinéaste stimulant, inventif, subversif et novateur, au plus fort de sa carrière, dans les années 80-90. Souvent oublié, peu cité, Talk Radio est une oeuvre majeure dans la carrière de Stone qu'il faut absolument redécouvrir. Aussi fort et stimulant que Lenny de Bob Fosse ou Secret Honor de Robert Altman.
Démonstration de mise en scène
Tourné entre 2 grosses machines – Wall Street et Né un 4 juillet – Talk Radio est un "petit" film, centré autour de la personnalité d'un animateur radio, Barry Champlain, sorte de Macha Béranger trash texan. A travers lui, Stone règle ses comptes – une fois de plus ! - avec l’Amérique : ses excès et ses compromissions idéologiques, son libéralisme économique échevelé, son culte de l’individualisme, les limites de la liberté d’expression.
A partir d’une pièce de théâtre écrite et interprétée par son acteur principal Eric Bogosian, il signe là un véritable morceau de bravoure. Tourné à 80% en studio, Stone se livre à une démonstration de mise en scène digne de Polanski ou de Altman : huis-clos du studio, paranoïa et mégalomanie grandissantes d’un animateur qui sacrifie sa vie personnelle sur l’autel de la réussite médiatique, petite cour de ses producteurs tentés par les revenus publicitaires, auditeurs en quête de reconnaissance publique quels qu’en soient les moyens. Il parvient à reconstituer un microcosme d’Amérique des 80’s à travers le prisme du studio d’enregistrement.
Entre Altman et Fosse
S’appuyant sur la prestation époustouflante d’Eric Bogosian, qui avait créé le rôle sur scène, Talk Radio comprend de très nombreux de morceaux de bravoure cinématographique, dont un traveling circulaire autour de l’animateur en studio, qui nous font regretter le Stone balourd et sentencieux des années 2000. Certes, ses tentatives d’aération de la pièce ne sont pas toujours bienvenues. Mais quel pied de voir un cinéaste mettre son talent au service d’une telle pièce, d’un tel acteur et d’un tel sujet ! Oliver, reviens, Oliver !
Malgré la faiblesse quantitative de bonus, le DVD contient une interview au long cours – 30 mn ! – avec Oliver Stone, qui revient sur les conditions de tournage du film, et les conséquences de son échec commercial sur son moral d’alors…
Travis Bickle
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