lundi 30 janvier 2012

Un Tigre parmi les singes : son compte est bon

En DVD : Au pays de Roméo et Juliette et de Gomorra (découvrez notre dossier), une idylle entre un Napolitain et une jeune Chinoise sent forcément le soufre. Pacileo est comptable a la prison de Poggioreale, à Naples. Costard cintré sur chemise pourpre, tâche pourpre sur front dégarni (d'où son surnom : Gorbaciof), démarche chaloupée, solitude, mutisme... le bonhomme passe inaperçu. Une vie sans histoire mais non sans vice : Pacileo joue. Pire, il flambe. Tiercé, machines à sous et surtout, parties de poker clandestines dans les cuisines d'un restaurant chinois.



C'est là, entre deux parties de cartes avec des gens qui ne plaisantent pas avec les dettes, qu'il croise le regard de Lila, la fille du patron, lui aussi accro au poker. Le Chinois a perdu gros. Gorbaciof lui vient en aide, par amour pour sa fille. Il pique dans la caisse de la prison, s'endette à son tour et le voilà contraint de faire des sales boulots... de plus en plus sales.

Amore Camorra

Un Tigre parmi les singes (Gorbaciof) nous fait plonger au coeur du système mafieux napolitain à travers un destin individuel. Les combines, la corruption, la violence latente prête à exploser à tout moment. Sans grands effets mais beaucoup de style, le réalisateur Stefano Incerti met en place une tension qui augmente au fur et à mesure que Pacileo plonge dans une spirale criminelle. Jusqu'à un final inattendu, digne du théâtre grec.

La photo et la musique sont splendides. Ne comptez pas découvrir une Naples de carte postale. La ville n'est révélée qu'à travers ses ruelles populaires, ses immeubles délabrés, ses palais transformés en prison. Incerti soigne le cadre et emprisonne les personnages derrière des barreaux, réels ou symboliques, tout au long du film.

Un film qui repose sur les épaules du grand Toni Servillo (Il Divo, Gomorra, Une Vie Tranquille). Il faut attendre dix minutes pour que Gorbaciof prononce ses premiers mots. Le comédien a travaillé l'allure, la posture. Il fait passer l'ennui puis fait briller dans son regard l'éclat de sentiments chez un homme qui en semblait privé. Très fort.

Le DVD, édité par France Télévisions, ne propose que la bande-annonce pour bonus. C'est dommage mais ça n'enlève rien à la qualité de ce film hautement recommandable.

Anderton


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