Buzz : La saison 2017 à peine achevée, voilà que la Cinémathèque dévoile sa future programmation, d’une richesse exceptionnelle. Il y en aura pour tous les goûts, et pour tous les âges. Passage en revue.
En quête de renouvellement et de conquête de nouveaux publics, la Cinémathèque française frappe d’un grand coup la saison 2017-2018 (découvrez-la en vidéo) en consacrant son exposition automnale à René Goscinny (à partir du 4 octobre). Avec pour objectif de célébrer les noces du cinéma et de la bande dessinée, la manifestation permettra de découvrir l’œuvre du créateur de Lucky Lucke, du Petit Nicolas et d’Astérix sous un autre angle, celui de l’ambition folle, et prématurément avortée, de constituer un studio à la Walt Disney, made in France. Outre ses activités de dessinateur, elle permettra de redécouvrir son sens de la parodie et ses travaux de scénariste, notamment pour Pierre Tchernia. Occasion pour le jeune public, mais aussi pour leurs parents et leurs grands-parents, de rendre hommage à un talent insuffisamment célébré, peut-être en raison de ses très nombreuses casquettes.
En contre-point à cette exposition qui pourra en étonner certains, la Cinémathèque proposera un parcours à travers l’œuvre d’un autre grand touche à tout du cinéma, Chris Marker (à partir du 2 mai 2018). Célébré pour son moyen métrage La Jetée – qui avait inspiré Terry Gilliam pour L’armée des 12 singes – Chris Marker est considéré comme l’équivalent de Léonard de Vinci pour le monde de l’image, tel que l’a défini son ami Alain Resnais. Personnage mystérieux à l’œuvre protéiforme – essais, vidéos, fictions, documentaires – et dont la Cinémathèque retracera l’œuvre à partir d’un projet transmédia, de conférences-débats en site internet dédié, en passant par une anthologie de textes et de multiples projections.
Enfin, à l’occasion du 40e anniversaire de sa disparition, Henri-Georges Clouzot aura également droit à son exposition et sa rétrospective à partir du 8 novembre. Conférences, rétrospective, biographie, éditions DVD, restauration, ce sera l’occasion de remettre le focus sur un cinéaste majeur du cinéma français, aussi populaire que macabre, de L’Assassin habite au 21 jusqu’à L’Enfer, en passant par La Salaire de la peur et La Vérité pour les plus connus, Manon ou Miquette et sa mère pour les moins connus.
Voilà pour les trois expos majeures de l’année. Reste les rétrospectives et les hommages. Tenez-vous bien, car il y aura de quoi passer son année dans les travées des salles Henri Langlois et Georges Franju. Patrimoine, ouverture sur le cinéma de genre, retour sur des éléphants sacrés, zoom sur des cinéastes injustement délaissés, focus sur des maîtres de la lumière ou de la musique, et quelques incongruités qui font le sel de la programmation, telles sont les lignes de force de la saison.
De Vigo à Tourneur
Evénement patrimonial s’il en est, septembre sera marqué par la projection de L’Atalante, le film maudit de Jean Vigo, enfin restauré, enfin retrouvé. Magie du 7e art, dont on avait pu découvrir un avant-goût lors de sa première projection publique cette année à Cannes lors de Cannes Classics. Le week-end des 2 et 3 septembre sera consacré au cinéaste décédé à 29 ans.
L’automne sera l’occasion de rendre hommage aux deux cinéastes cousins venus de l’Est au mitan des années 60, Roman Polanski et Milos Forman, au cinéma de Hong Kong, 20 ans après la rétrocession chinoise, à Claire Denis alors que sort son dernier film Un beau soleil intérieur, à Luchino Visconti, au compositeur de David Cronenberg Howard Shore. Et surtout à Jacques Tourneur, avec une intégrale – pas mieux pour redécouvrir l’œuvre de ce maître du cinéma fantastique (La Féline).
Ophuls, Fuller, Akerman
Rhabillez-vous cet hiver, avec au programme Max Ophuls, Samuel Fuller – qu’on est trop heureux de voir célébré ainsi dans la foulée de Jacques Tourneur ; Chantal Akerman, à la croisée de la Nouvelle vague et du cinéma underground US, décédée il y a deux ans, injustement méconnue ; Jean-Claude Brisseau, autre cinéaste contemporain maudit, auteur d’au moins 2 chefs d’œuvre, Céline et De bruit et de fureur ; reprise de la sélection du festival de Gérardmer ; et enfin, un zoom sera porté sur le chef op Vittorio Storaro – Apocalypse Now ou Le Conformiste, c’est lui ! Autre temps fort de la période : le festival Toute la mémoire du monde, qui aura lieu du 7 au 11 mars 2018.
Malle, Fassbinder, la Quinzaine et dutch sex pour fêter les 50 ans de mai 68
Le printemps sera marqué par le 50ème anniversaire de mai 68. Occasion pour la Cinémathèque de célébrer le mouvement à sa manière. Outre l’exposition Chris Marker, ce sera l’occasion de revoir l’édition 1969 de la première Quinzaine des réalisateurs – près de 60 films ! Hasard ? C’est aussi à ce moment-là qu’on aura droit à une intégrale Louis Malle, documentaires compris, lui qui fut directement impliqué dans l’interruption du Festival de Cannes cette année-là. Années de libération sexuelle, une programmation Dutch sex new wave réveillera les sens, tandis que que Rainer Werber Fassbinder, l’un des héritiers allemands de l’esprit de 68, sera également mis à l’honneur. Autre monstre du cinéma génial, et mal connu : Tod Browning, le pape du cinéma fantstique carnavalesque (Freaks) sera également l’objet d’une rétrospective.
Bresson et Wyler, mais aussi Corbucci et Séria !
Enfin, l’été commencera, comme chaque saison, sous les auspices d’un grand classique hollywoodien – cette fois-ci, William Wyler – Ben Hur, certes, mais aussi L’Obsédé. Après Dreyer et Tarkovski, la Cinémathèque rendra hommage à Robert Bresson, dont l’œuvre est finalement peu visible, hors les séances universitaires. Enfin, deux hommages incongrus, mais réjouissants, clôtureront la saison : l’un à Joël Seria, en sa présence – revoir Les Galettes de Pont-Aven, trop connoté film paillard, alors qu’il s’agit d’une véritable comédie dépressive. Occasion de revoir ses autres films, notamment Comme la lune et Marie Poupée ; l’autre à Sergio Corbucci, ne serait-ce que pour revoir Le Grand Silence et Django.
Travis Bickle
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