jeudi 29 avril 2021

Les Folies Offenbach : Michel Serrault à son meilleur

Les Folies Offenbach DVD CINBELOGYWOOD

En DVD : C'est une madeleine de Proust trempée dans du champagne que nous offre Elephant Films avec cette édition vidéo des Folies Offenbach. Diffusé en 1977 à la télévision, ce feuilleton (c'est comme ça qu'on disait à l'époque) de six épisodes retrace la carrière du compositeur Jacques Offenbach dans le Paris joyeux et débridé du Second Empire. Avec un Michel Serrault impérial et une constellation de seconds rôles épatants.


Le feuilleton est coproduit par Antenne 2 (l'ancêtre de France 2), la SFP et la Télévision suisse romande. Qualité à la française (et à la suisse donc) : magnifiques décors (en plateaux) et costumes resplendissants. La télé de papa au meilleur de sa forme. A l'époque, les trois chaînes françaises diffusent des pièces de théâtre et des opérettes en prime time. Les airs d'Offenbach résonnent dans les foyers, en tout cas le mien. Et ce feuilleton réunit la crème des acteurs français. 

Il y a d'abord Michel Serrault, immense, qui redonne vie au compositeur né juif allemand, naturalisé français et devenu la coqueluche du Paris impérial grâce à ses opérettes pleines de fantaisie et dont les chansons  entraînantes sont fredonnées par les bourgeois comme le populo. Serrault apporte sa folie douce au personnage, qu'il rend râleur et charmeur, colérique et roublard, prêt à presque toutes les compromissions pour faire vivre sa musique. Et, alors qu'il nous a fait rire pendant cinq épisodes, le comédien nous cueille dans l'épisode final, celui de la maladie puis de la mort d'Offenbach. Nous voilà émus, la gorge serrée. C'est, à mes yeux, l'une des toutes meilleures prestations de Serrault. 

A l'époque, il jouait en parallèle Albin/Zaza dans La Cage aux folles, au théâtre. Et pendant ces représentations et le tournage des Folies Offenbach, Serrault perd sa fille dans un accident de voiture. Dans un bonus du DVD, Catherine Samie revient sur cette épreuve douloureuse. La troupe fait corps avec Serrault qui continue d'incarner Zaza et Offenbach avec la même joie de vivre. Le voir ainsi tout donner pour son art et son public rend sa prestation encore plus poignante.

Constellation shnock

Aux côtés de Michel Serrault, certains des meilleurs acteurs français du moment : la grande Samie donc mais aussi, attention, ça envoie du lourd, du très lourd : Pierre Vernier, Daniel Prevost, Bernard Alane, Roger Carel, Michel Roux, Pierre Tornade, Evelyne Buyle, Claude Gensac, Jean-Pierre Darras, Martine Sarcey, Claudia Morin, Paulette Dubost, Claude Pieplu, Marco Perrin, Alain Feydeau, Jean-Claude Dreyfus, Jacques Duby, André Thorent, Maurice Travail, André Gaillard, Guy Grosso, Bernard Lecoq, Jacques Jouhanneau, Christian Marin, Henri Poirier, Henri Poirier, Sacha Briquet, Jacques Legras, Marc Dudicourt, Jean Obe, Jackie Sardou, Jacques Dynam, Hubert Deschamps, la jeune Sabine Azéma et Daniel Ceccaldi à la narration ! Autant de noms qui devraient évoquer de bons souvenirs à plus d'un.

Chacun des comédiens joue son petit rôle avec un plaisir qui se voit à l'écran. D'autant que les dialogues sont enlevés et les situations cocasses. Il faut dire que parmi les scénaristes, on retrouve Marcel Jullian et le duo Barillet et Grédy, les rois du théâtre de boulevard. Le rythme est trépidant, porté par les morceaux d'Offenbach, et la réalisation, signée Michel Boisrond, frappe par sa fluidité, se jouant des contraintes du tournage en plateau. Du grand art télévisuel particulièrement bienvenu en cette période morose.

Anderton


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