En DVD et Blu-ray : Au mitan des années 1980, Mickey s'est fait tailler les oreilles par une autre souris, venue d'Europe de l'Est. Ancien animateur chez Disney, dont il avait claqué la porte quelques années plus tôt, Don Bluth s'est associé à Steven Spielberg pour produire un dessin animé en reprenant les recettes de l'Oncle Walt : Fievel et le nouveau monde (An American Tail, 1986). Rimini nous propose de redécouvrir ce coup de poker payant dans une belle édition vidéo.
En 1885, les Juifs de Russie tentent d'échapper aux pogroms lancés par les troupes du tsar. Idem pour les souris du shtetl, pourchassées par des chats cosaques. La famille Souriskewitz décide ainsi d'immigrer aux Etats-Unis, le pays où les rues sont pavées de fromage. La traversée de l'Atlantique puis l'installation à New York vont constituer autant d'épreuves, surtout que Fievel, le jeune souriceau, se retrouve séparé de sa famille lors d'une tempête au milieu de l'océan.
Le simple nom de Steven Spielberg sur l'affiche pourrait laisser penser que la réussite du projet était assurée tant il est vrai que, dans les années 1980, le wunderkind avait la golden touch. Certes, le studio Disney était moribond (Michael Eisner, arrivé comme boss en 1984, n'avait pas encore pu redonner des couleurs à la firme) et son dernier dessin animé, Taram et le chaudron magique (The Black Cauldron, 1985) avait été un échec au box-office. Par ailleurs, Don Bluth et quelques-uns des meilleurs animateurs du studio avaient démissionné et signé à leur compte un dessin animé remarqué, Brisby et le secret de Nimh (The Secret of Nimh, 1982). Mais là encore, les sécessionnistes n'avaient récolté qu'un succès d'estime.
Le sujet de Fievel comportait par ailleurs une importante composante "politique", le récit évoquant à la fois la persécution des Juifs mais aussi la difficile intégration des immigrants aux Etats-Unis. Pas forcément le contexte le plus simple pour attirer les familles en salle. Et pourtant, le résultat est à la hauteur des attentes : même s'il n'atteint pas la magnificence et la fluidité en terme d'animation de Brisby et des Disney de la grande époque, le film nous offre un héros attachant et d'autres personnages marquants (notamment grâce au bon boulot de leurs "voix" : Dom DeLuise, Madeline Kahn et Christopher Plummer dans le rôle d'un pigeon français qui s'exprime comme Maurice Chevalier !) qui évoluent au sein d'un récit plein d'émotions, avec son lot de séquences spectaculaires et de "numéros" chantés, avec un James Horner inspiré à la musique. La chanson Somewhere Out There, interprétée par Linda Rondstadt et James Ingram, a d'ailleurs remporté un Oscar.
Petits et grands, tout le monde s'y retrouve et on retrouvera d'ailleurs Fievel dans plusieurs suites (notamment Fievel au Far West, 1991) et une série. Outre cinq cartes postales collector, ce combo Blu-ray + DVD abrite par ailleurs un entretien très intéressant avec le spécialiste Xavier Kawa-Topor qui évoque les coulisses de la production, les discussions artistiques entre Spielberg et Bluth (le premier ne voulait que des animaux pour personnages mais le second a tenu bon ; en revanche, Spielberg a imposé Fievel comme prénom du héros alors que Bluth le trouvait trop compliqué) mais aussi la grogne des animateurs, qui estimaient être mal payés. Une belle édition pour un film qui a fait vaciller le grand Disney. Oy vey!
Anderton
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