En Blu-ray et DVD : Avant de s'intéresser aux soldats du feu (dans Notre-Dame brûle actuellement en tournage), Jean-Jacques Annaud a réalisé La Guerre du feu (1981), un film révolutionnaire qui a conservé son souffle et son humanité. Gaumont nous permet de le (re)découvrir dans une beau master au sein d'une édition vidéo soignée.
Au Paléolithique, à la suite d'une attaque, la tribu des Oulhamr perd son bien le plus précieux : le feu. Trois guerriers sont chargés d'aller retrouver (raviver) la flamme. Débute alors un long périple, ponctué de grands dangers et de belles découvertes... dont celle de l'amour.
En adaptant le roman de J.H. Rosny aîné avec son compère Gérard Brach, Jean-Jacques Annaud prend un parti osé : celui de limiter les dialogues et surtout de faire parler les protagonistes dans des langues préhistoriques, inventées par le romancier et linguiste Anthony Burgess. Même souci de réalisme pour les comportements des personnages : l'éthologue et zoologiste Desmond Morris met au point leurs manières de se mouvoir et d'interagir. Evidemment, recréer la préhistoire impose de la réinventer mais le cinéaste s'appuie sur les travaux d'éminents spécialistes.
Odyssée préhistorique
Quarante ans après sa sortie, je dois avouer que le film a gardé toute sa force. Il faudrait être bien pinailleur pour chipoter sur les lions transformés en tigres à dents de sabre ou les éléphants grimés en mammouths. Les maquillages des différentes sortes d'hominidés restent spectaculaires. Et surtout, le spectateur prend part à une odyssée qui se déroule dans de somptueux décors naturels, magnifiés par la photo de Claude Agostini et la composition de Philippe Sarde. On a l'impression de faire un voyage dans le temps pour se retrouver sur une planète à la beauté sauvage, où l'homme est tout petit et tente de survivre au sein d'un environnement souvent hostile. La fragilité de la vie n'a jamais été aussi bien représentée à l'écran.
Ces hommes préhistoriques, s'exprimant et agissant comme de grands primates, auraient pu être franchement ridicules. Ils sont au contraire bouleversants. Leur naïveté, leur incompréhension face à des phénomènes qui souvent les dépassent mais aussi leur volonté et leur courage nous émeuvent à chaque instant. Les comédiens - Everett McGill, Ron Perlman, Nicholas Kadi et Rae Dawn Chong - sont formidables, qui en un regard ou une expression révèlent les sentiments subtils de leurs personnages.
Avec sincérité, sans la moindre once de cynisme, Jean-Jacques Annaud signe un grand film empreint d'humanisme et de tolérance. Un film féministe et écologiste. Un film porté par le souffle de l'aventure et ponctué de séquences pleines de poésie et d'humour. Un chef-d'oeuvre, à (re)découvrir illico. Et Gaumont a eu la bonne idée d'accompagner le film d'un long entretien avec le cinéaste, aussi passionné que passionnant. Annaud est tellement volubile qu'il y a même un bonus à son bonus ! Quel plaisir pour le cinéphile.
Anderton
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