mercredi 20 octobre 2021

Ron débloque : une jolie fable sur l'amitié sans bug

Ron débloque CINEBLOGYWOOD


En salles : Imaginez un monde où les enfants seraient accro à un appareil numérique au point de ne pas pouvoir interagir les uns avec les autres sans lui ? De la science-fiction, hein ? Bienvenue dans le monde de Ron débloque (Ron's gone wrong), un film d'animation aussi marrant que touchant qui évite le bug du discours moralisateur.


Barney est vraiment un drôle d'ado. Elevé par une grand-mère fantasque et un père lunaire, le gamin est plutôt timide et solitaire. C'est d'autant plus difficile pour lui de se faire des copains au collège qu'il est le seul à ne pas avoir de B-bot, un robot à la mode devenu star des cours de récré. Et finalement, quand il devient possesseur du précieux gadget, rien ne se passe comme prévu. Car Ron débloque !

Le film réalisé par Jean-Philippe Vine (qui, comme son nom l'indique, est britannique), Sarah Smith et Octavio E. Rodriguez, séduit par son graphisme. Les personnages sont éloignés de "l'esthétique Pixar", avec des traits plus marqués ; les oreilles ou les nez sont notamment plus prononcés. Une originalité bienvenue qui s'inscrit par ailleurs dans des décors splendides, inspirés des villes et de la nature de la Bay Area. Même soin apporté pour inventer un monde à peine futuriste, qui pourrait être le nôtre dans deux ans. Tout ce travail fait qu'on s'attache rapidement aux personnages et qu'on prend plaisir à entrer dans le récit et les enjeux qu'il soulève. 

Le worm est dans l'Apple

L'entreprise qui invente le B-bot évoque furieusement Apple, aussi bien dans son style épuré-branché que dans son approche marketing, ses grand-messes de présentation de produits, ses magasins tendance et même ses dirigeants : le jeune génie geek - une sorte de Steve Jobs au look de Miles Morales - persuadé d'avoir rendu service aux enfants sans se rendre compte des effets néfastes de sa création côtoie un businessman cynique et sans scrupules, qui ressemble physiquement à Tim Cook.

Les réalisateurs ont su saisir toute l'ambivalence de la tech, à savoir la manière dont elle transforme profondément nos rapports sociaux, nous éloignant les uns des autres en semblant nous rapprocher, nous amenant à filtrer et finalement déformer la réalité. Avec toutes les conséquences terribles qui en découlent : des mômes enfermés dans leur bulle, habités par des comportements superficiels mais aussi victimes de bad buzz. Et le paradoxe, c'est que Ron débloque invente un robot ultra cool : sorte de cousin d'EVE (Wall-E, 2008), le B-bot expose ses fantastiques fonctionnalités. S'il existait pour de vrai, je suis certain que tout le monde se l'arracherait. Le spectateur est ainsi confronté à sa propre ambivalence : on est fan d'un gadget dont on perçoit tous les dangers ! Le film intègre toute cette analyse à l'histoire, sans en ralentir le rythme, ni délivrer de message moralisateur lourdingue. Les situations parlent d'elles-mêmes sans que Vine & co aient besoin de forcer le trait.

Poules vs pool

Au-delà de ce contexte numérique, Ron débloque met en scène des personnages imparfaits, pas toujours bien dans leur peau, qui essaient de trouver leur place dans le monde. La famille de Barney est atypique : originaire d'un pays de l'Est, la mamie dirige la maisonnée avec énergie. On sent bien que Barney a un peu honte d'avoir un poulailler dans son jardin, plutôt qu'une piscine comme ses copains mais il va prendre conscience de la chance qu'il a de vivre dans un tel environnement. Il y a des jolis moments d'émotion. Et on rit beaucoup. L'amitié entre Barney et Ron est belle. L'influence d'E.T. (1982) plane sur le film. J'ai vu le film en VF (de qualité) mais vivement la sortie vidéo pour profiter du casting vocal de la V.O. : Jack Dylan Grazer (qui interprète Barney et prête aussi sa voix à Alberto dans Luca), Zach Galifianakis (Ron), Ed Helms (le paternel), Olivia Colman (la grand-mère).

Voici donc un bon film d'animation qui tombe à pic pour les vacances de la Toussaint. Débloquez votre agenda pour aller le découvrir au cinéma !

Anderton 


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