samedi 15 février 2025

Comics - Gone : lutte des classes intergalactiques

Gone Jock BD comics CINEBLOGYWOOD

La misère serait-elle moins pénible dans le cosmos ? Dans Gone (Delcourt), Jock signe une BD de science-fiction qui revisite la lutte des classes à l'ère des voyages intergalactiques. "No Future !"


Des toits de son ghetto situé aux portes d'un spatioport, Abi admire les gigantesques vaisseaux qui font voyager les élites dans une indécente opulence. Avec ses copains, ados comme elle, elle s'infiltre parfois dans les entrailles de ces monstres d'acier pour y dérober de la nourriture. Son père, qui travaillait à bord de l'un d'entre eux, lui en avait fait découvrir les corridors et moindres recoins. Avant de l'abandonner avec sa mère. Lors d'un énième raid, la teenager se retrouve bloquée à bord avec un groupe de terroristes. Décollage pour les étoiles. Abi doit alors survivre et échapper aux forces de sécurité qui la traquent dans les coursives du vaisseau.

Gone girl

Dans ce récit complet (lisez un extrait), le futur n'a rien d'idyllique. La misère y est même exacerbée, tout comme les inégalités. Jock nous plonge dans un monde sans espoir. Sombre comme son dessin et les couleurs qu'il y applique, avec son compère Lee Loughridge. Ambiance inquiétante, environnement poisseux... c'est tout le talent de l'artiste écossais de parvenir à donner au lecteur l'impression de respirer l'air pollué d'un bidonville puis l'atmosphère viciée de la soute d'un engin. On retrouve le même ressenti qu'au premier visionnage d'Alien. Le trait épais, noir, de Jock s'avère incroyablement précis pour représenter l'architecture et les structures au sein desquelles évolue Abi. Il utilise habilement ces labyrinthes de métal dans la composition des planches, juxtaposant les cases comme autant de plans cinématographiques pour dynamiser l'histoire, faire jaillir l'action, omniprésente, ou s'arrêter sur l'émotion des personnages. 

Car jamais Jock n'oublie les protagonistes, et la première d'entre elle, Abi. Il nous fait vivre sa détresse, sa rage, son instinct de survie. Jusqu'à un final très émouvant. Gone fait le lien entre Les Misérables et The Creator. Un beau voyage.

Anderton

  

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