mardi 9 juillet 2019

Schlock : culte et potache, le premier John Landis dans un Blu-ray d'anthologie

En DVD et Blu-ray : Plus besoin d'être un vieux schnock pour connaître Schlock ! Carlotta Films a l'excellente idée de proposer le premier film de John Landis en version restaurée 4K dans une édition vidéo très complète.


Un "tueur à la banane" sème la terreur dans une petite ville de Californie. La police est sur les dents et les citoyens sur les nerfs. Le serial killer en question s'avère être le schlockthropus, un homme-singe préhistorique âgé de vingt millions d'années. 





Faisant partie desdits vieux schnocks, j'ai découvert Schlock (1973) lors de sa ressortie dans les salles françaises au début des années 1980. Fan des Blues Brothers et du Loup-garou de Londres, que j'avais découverts en vidéo, j'avais hâte d'assister avec quelques années de retard à la naissance d'un cinéaste dont j'appréciais l'humour potache, le sens du rythme et la mise en scène enlevée. Et je n'avais pas été déçu ! Je ne pense pas avoir revu Schlock depuis ce fameux été 1982 (vieux schnock à la mémoire qui flanche) d'où mon impatience de mater ce Blu-ray, non sans l'appréhension d'être moins emballé qu'il y a quelques décennies.

Ben non ! J'ai été rassuré de constater que les mêmes gags me font marrer comme l'ado pas trop boutonneux que j'étais alors. Et des gags, il y en a. Des hénaurmes, des lourdingues, des débiles, des pas très réussis mais aussi des bien vus, des très drôles et même des gags un peu fins. Si, si ! John Landis enchaîne les blagues foutraques avec l'assurance et l'inconscience de la jeunesse - 21 ans à l'époque ! Il fait également montre dès le long travelling qui ouvre le film de son talent de metteur en scène, débrouillard et inventif. Emotion, c'est aussi la première fois qu'il sera fait référence, à plusieurs reprises, à See You Next Wednesday, le film fictif que Landis placera systématiquement dans ses longs-métrages.



Un singe derrière la caméra

Autodidacte biberonné au cinoche, John Landis multiplie au long du film les références, les hommages et les pastiches. Tout y passe : King Kong, Frankenstein, 2001 L'Odyssée de l'espace, La Belle et la bête, des séries B... Avec les maladresses propres au débutant, et sur lesquelles on pose un regard attendri, le cinéaste met en place son univers. Il déploie un non sens graveleux sous influence des Monty Python, de Mad magazine et des ZAZ, avec lesquels Landis tournera American Film Sandwich en 1977. On retrouvera les folles embardées des voitures de police dans les Blues Brothers. Quant au gros plans sur le visage de Schlock, ils annoncent ceux sur le gorille et l'homme au masque de gorille dans Un Fauteuil pour deux

J'ai trouvé par ailleurs que la gestuelle du Schlock rappelait celle de Jerry Lewis, dont Landis était fan. C'est d'ailleurs lui, Landis, qui interprète l'homme-singe. Un des nombreux bonus explique ainsi qu'il gardait son costume toute la journée, passant devant et derrière la caméra sans prendre le temps de se changer ! C'est un tout jeune Rick Baker, chevelu et boutonneux, qui a réalisé ledit costume. Il retrouvera John Landis sur plusieurs de ses films : Le Loup-garou de Londres, Thriller, Un Prince à New York...



Le Blu-ray est un bonheur. La version restaurée 4K est magnifique et il propose pléthore de bonus. Landis est sur tous les fronts : il fait une intro au film, s'excusant pour ce que nous allons voir ; dans un entretien, il revient avec sa verve habituelle sur sa carrière (il a tout fait, assistant réal, cascadeur, côtoyant des monstres sacrés sur tous les plateaux en Amérique et en Europe) et le tournage de Schlock (en pleine canicule) ; il signe le commentaire audio avec Rick Baker ; il commente la bande-annonce de Banana Monster, le titre donné par un distributeur indélicat pour la ressortie du film... Le directeur de la photographie Bob Collins, qui joue également un barman cradingue (hommage à celui du Shérif est en prison ?), y va de ses souvenirs de tournage. Enfin, le tout est complété par trois bandes-annonces et quatre spots radio. Voilà une édition qui met la banane ! 

Anderton 

Aucun commentaire: