mardi 17 novembre 2020

Lucky Strike : un polar retors venu de Corée

Lucky Strike polar coréen CINEBLOGYWOOD


En DVD et VoD : Le cinéma sud-coréen a su imprimer sa marque au polar, un genre dont on pensait avoir fait le tour. Nouvelle illustration que le pays du matin calme ne l'est pas tant que ça avec un petit bijou bien sombre, Lucky Strike, que Wild Side a la bonne idée de sortir en vidéo.


Avec un titre pareil, le spectateur s'attend à un placement de produit dans un cinéma où les protagonistes fument davantage qu'une manufacture anglaise pendant la révolution industrielle. Le placement est même double puisqu'outre la marque de cigarettes évoquée dans le titre, il est question tout au long du film d'un sac LVMH et de son précieux contenu, à savoir une tripotée de biftons qui va affoler chaque personnage de ce récit savamment construit. Mais le scénariste et réalisateur Kim Yong-hoon est trop malin pour nous faire juste de la réclame. La marque de luxe est importante car elle fera voler en éclats les arguments d'un employé pris la main dans le sac (pun intended). Quant au paquet de clope, il est censé porter bonheur à l'un de ceux qui convoitent le butin. Des "coups de chance", il y en aura une succession au cours du récit. Avec des revirements malheureux, jusqu'au final espéré mais qu'on n'avait pas vu venir.

Bonne étoile et revers

Lucky Strike envoûte le spectateur par son scénario retors et brillant ainsi que par son esthétisme et sa mise en scène qui instaure une tension qui ira crescendo. Kim Yong-hoon construit un puzzle qui d'abord déconcerte avant que les pièces s'imbriquent progressivement ensemble, révélant la chronologie des événements dans lesquels apparait une galerie de personnages bien tranchés interprétés par de talentueux comédiens (Jeon Do-yeon, Jung Woo-sung, Bae Seong-woo, Jeong Maan-sik, Shin Hyun-been, Jung Ga-ram), comme la Corée du Sud sait en produire. Il y a les gentils paumés, les losers pathétiques, les manipulateurs, les petits chefs et les gros caïds. Le fric fait tourner leurs têtes. Chacun veut se refaire, croyant dur comme fer à sa bonne étoile. Mais tous les coups sont permis pour prendre l'oseille et se tirer. Et fidèle au genre local, le réalisateur ne cache rien des accès de violence qui coupent les protagonistes dans leurs élans... et parfois dans leur chair.

Lucky/Unlucky... voilà qui rappelle les pubs pour Lucky Strike dans les années 80 (les vrais savent, les autres apprendront en regardant ce spot). Sauf qu'avec ce Lucky Strike, on sourit moins (encore que l'humour noir est bien présent) mais on en sort emballé.

Anderton

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