jeudi 19 novembre 2020

Mafia Inc : polar glaçant made in Montréal

Mafia Inc DVD CINEBLOGYWOOD

En DVD et Blu-ray : Grâce au cinéma, le grand public sait où la mafia italienne (enfin, je devrais dire les mafie italiennes) a étendu ses tentacules. La saga des "hommes d'honneur" aux Etats-Unis et en Italie est désormais bien connue. Celle des mafieux siciliens au Canada l'est beaucoup moins. C'est l'un des intérêts de Mafia Inc, un polar glaçant réalisé par Podz, avec Sergio Castellitto et Marc-André Grondin dans les rôles principaux.


Inspiré d'une histoire vraie (celle de la famille Rizzuto) relatée dans une enquête journalistique, Mafia Inc met aux prises deux familles : les Paterno, dont le patriarche Frank (Sergio Castellitto) dirige le crime organisé à Montréal, et les Gamache, dont le père Henri (Gilbert Sicotte), tailleur, habille Frank depuis des années tandis que sa fille Sophie (Mylène Mackay) est fiancée à un fils Paterno et que son fils Vince (Marc-André Grondin) est devenu un homme de main de la famiglia. Tout semble aller pour le mieux mais l'alliance siculo-québécoise se fissure. La faute à Vince, chien fou que rien n'arrête et dont les excès finissent par révulser le parrain, qui le considérait pourtant comme son fils adoptif.

Et là, vous vous dites que pour révulser un mafieux, il faut le faire. En effet, Vince n'a que faire du soit-disant code d'honneur importé de Sicile. Le spectateur en est tout autant horrifié. Loin de chercher à glorifier les agissements des criminels, aussi bien habillés soient-ils, le réalisateur Podz ne cache rien de leur monstruosité. Vous n'écouterez plus Sara perche ti amo de la même façon. Et attendrez un petit moment avant de remanger des saucisses.

Felicita, c'est l'joual

Dans la veine des Affranchis, le film se déroule au rythme des chansons des années 80-90, l'action débutant en 1994. Pop italienne et rock nord-américain offrent ainsi un contrepoint léger à des séquences qui s'avèrent glaçantes - rien à voir avec le climat de la Belle Province. A l'inverse du style de Scorsese ou Coppola, Podz (de son vrai nom, Daniel Grou) limite l'emphase dans sa mise en scène. Ses plans, parfois cliniques, de même que la photo signée Steve Cosens participent à transmettre un malaise qui ne quitte pas le spectateur. 

Intéressante composition de Sergio Castellitto, qui campe un parrain bonhomme : il pourrait être notre gentil voisin si ce n'était la menace sourde qui se dégageait de son ton et de ses paroles. Le comédien italien le fait sans forcer, évitant de tomber dans le piège de l'imitation de Marlon Brando. Marc-André Grondin joue pour sa part un psychopathe à moustache, dont le sourire et l'attitude laissent penser qu'il n'en a rien à foutre de quoi que ce soit. Mais soudain, son regard se perd et l'on comprend que le dur à cuire est conscient des horreurs qu'il commet. Deux belles interprétations qui ajoutent à l'intérêt du film. Le dernier étant... la langue. Ou plutôt les langues. En bons Montréalais, les personnages passent du français à l'anglais, puis à l'italien (sicilien), parfois dans la même phrase. L'accent québécois et le joual (le parler de Montréal) peuvent parfois perdre un peu les cousins français mais ils contribuent grandement à donner de la saveur au film. Pour les moins comprenants, les éditeurs Koba Films et L'Atelier d'images, proposent toutefois une version doublée en "français de France". Regardez les deux trailers ci-dessus et faites votre choix, tabernacle !

Concours Mafia Inc : deux Blu-rays à gagner

Anderton

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