mercredi 25 novembre 2020

Le Lion et le vent : Sean Connery, prince du Rif et roi du kif

Le lion et le vent Blu-ray CINEBLOGYWOOD

En DVD et Blu-ray : Sean Connery ne nous a pas vraiment quittés. Il reste immortel ("There can be only one") grâce au cinéma et Rimini Editions nous fait un beau cadeau de Noël en proposant dans un beau coffret collector Blu-ray + DVD + livret un film trop rare, Le Lion et le vent (The Wind and the Lion, 1975) de John Milius.


L'action nous transporte au Maroc en 1904. Le sultan et le pacha, corrompus, laissent les puissances européennes prendre pied dans le pays. Face à cette situation, le chef berbère Mulai Ahmed er Raisuli prend les armes et kidnappe une Américaine et ses deux enfants. De l'autre côté de l'Atlantique, le président Théodore Roosevelt ne laisse pas passer ce qu'il considère comme un affront. Il envoie des troupes sur place. Objectif : délivrer Mrs Pedecaris ou régler son compte à Raisuli.

En plein Nouvel Hollywood, John Milius signe un film d'aventure de facture a priori classique. Pas de dénonciation du système mais l'exaltation de l'héroïsme. Pas de personnages paranos ou traumatisés mais des protagonistes sûrs d'eux et portés par un idéal. L'ombre de Lawrence d'Arabie plane sur les dunes du désert marocain. Tout en rendant hommage au chef-d'oeuvre de David Lean, Milius impose sa vision à la fois premier degré mais non dénuée d'humour d'une saga éclatante, et magnifiée à travers les yeux d'un enfant - et du metteur en scène. Le regard que porte le fils Pedecaris sur les guerriers berbères se retrouvera dans les yeux du jeune Conan, au début de Conan le barbare (1982). Fascination pour les hommes en armes, qu'importe s'ils tranchent des têtes, coupent des langues et ôtent des vies. Les guerriers incarnent la force, le courage, la liberté. Surtout, le premier d'entre eux, Raisuli.

Quel kif !

Sean Connery travestit à peine son accent écossais mais on s'en fout, il impose sa stature, son charme et sa bougonnerie pour incarner le chef rebelle. Comme toujours, il est magnétique. Impossible de le quitter des yeux, même lorsqu'il débite quelques banalités en mâchant une datte. Le spectateur devient le fils Pedecaris. Comment ne pas admirer cet immense comédien ? Face à lui, Candice Bergen peine à faire exister son personnage. Certes, l'Américaine a du caractère et s'en sort avec les honneurs mais on aurait aimé que la relation entre Mrs Pedecaris et Raisuli soit plus développée. John Milius, qui a écrit le scénario (d'après une histoire vraie), n'a pas voulu prendre la direction du Roi et moi au Maroc. La romance dans le Rif, très peu pour lui. La geste de Raisuli passe par le choc des sabres lors d'une charge à cheval.

Brian Keith campe un Teddy Roosevelt physiquement très ressemblant et tel qu'on se l'imagine : fort en gueule, bourré de testostérone, à l'ego boursoufflé mais aussi empreint de sensibilité. On apprécie de retrouver ce bougre de John Huston dans le rôle du Secrétaire d'Etat américain, qui peine à canaliser l'énergie de son président. Parmi les autres comédiens à l'affiche, notons également la présence de Steve Kanaly (qui fera beaucoup plus tard les belles soirées de la série Dallas), dont la ressemblance avec Brad Pitt est ici troublante.

Quel kif de (re)découvrir cette oeuvre épique, aux magnifiques images (photo de Billy Williams, qui  a mis en lumière L'Exorciste) et portée par la sublime partition de Jerry Goldsmith. En bonus, un passionnant entretien avec Samuel Blumenfeld, qui démythifie le personnage Milius et livre une brillante analyse de son oeuvre. Le livret apporte aussi un bon éclairage sur le cinéaste et son film. Le cinéphile est comblé.

Anderton

Aucun commentaire: