Dans Superman Space Age, Mark Russel et Michael Allred portent leurs regards sur la saga de l'Homme d'acier en un récit complet, publié par Urban Comics. Original, épique, émouvant.
1985. Tout est fini. Un déluge de météorites s'abat sur la Terre. Superman regagne la Forteresse de solitude pour y rejoindre Lois Lane et leur fils. Ensemble, alors que les parois s'écroulent, ils vont vivre le destin de milliards d'humains. Le fils de Krypton aurait pu s'enfuir mais jusqu'au bout, il a souhaité être solidaire de cette espèce dont il a décidé de devenir le protecteur.
Mark Russell a donc commencé par un poignant final pour mieux redérouler l'histoire d'un être exceptionnel (découvrez les premières pages). Les époques s'entrechoquent pour mieux brosser la personnalité de Kal-El/Clark Kent et comprendre d'où vient son empathie pour ces Terriens si agités et belliqueux. Le scénariste l'a fait germer dans l'éducation que l'extra-terrestre a reçue de ses deux pères : Jonathan Kent et Jor-El. Le premier a connu les horreurs de la deuxième guerre mondiale. Traumatisé, il a incité son fils adoptif à cultiver son jardin, ou plutôt la ferme familiale à Smallville, loin du chaos du monde. Le second, apparu sous la forme d'un hologramme interactif, l'a au contraire poussé à s'engager pour mettre au service de l'humanité ses formidables pouvoirs. La conquête spatiale, la guerre froide, l'assassinat de John F. Kennedy, la machination de Lex Luthor qui fait exploser une bombe atomique sur Coast City... autant d'événements qui transforment le paysan du Kansas en justicier planétaire... et journaliste maladroit.
On retrouve les fondations du mythe dans Superman Space Age. On y croise également les grandes figures de l'univers DC Comics : de Lois Lane à Lex Luthor donc, en passant par Batman, Wonder Woman, la Ligue de Justice, le Joker... Dans cet environnement familier, les auteurs font un peu dévier le récit canonique (Lois Lane apprécie davantage Clark Kent que Superman, Lex Luthor apparaît comme la nemesis de Bruce Wayne). Le dessin de Michael Allred, mis en couleurs avec une belle vivacité par son épouse Laura, illustre parfaitement le dessein du duo : son trait est à la fois frais, presque naïf, pop tout en dégageant une forme d'étrangeté et un second degré teinté d'humour.
Le lecteur est embarqué dans cette geste qui se déroule sur une Terre où l'Histoire est un peu bousculée ainsi que sur une Terre alternative. On veut croire que la conclusion n'est pas irrémédiable tandis qu'on assiste aux efforts de Superman pour protéger l'humanité. Son empathie, son dévouement nous touchent et nous amènent à réfléchir sur l'érosion des idéaux et le poison du cynisme. Un très bel album.
Anderton
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