mardi 11 avril 2017

L’Affranchie : odieux est amour

En salles : Premier film réalisé par Marco Danieli, L’Affranchie (La Ragazza del mondo) raconte l’émancipation de Giulia, jeune-fille témoin de Jéhovah, comme un chemin de croix. Un sujet ambitieux incarné magnifiquement par deux jeunes acteurs, Sara Serraiocco et Michele Riondino, déjà multi-primés, notamment au Festival de Venise 2016. Verdict.



L’ambition

"L’identité, la construction de la personnalité, le rapport entre les individus et la collectivité sont des thèmes qui m’ont toujours intéressé et il m’a semblé que l’orthodoxie religieuse était un contexte idéal pour les approfondir, car la manifestation de la volonté individuelle ne peut que s’opposer, inévitablement, aux superstructures éthiques et à la pensée de toute communauté." Ainsi parle Marco Danieli.

L’ambiance

Plans larges puis gros plans sur les visages à la Dolan, chromie chaude ou froide, changement d’attitude en fonction des scènes et de leurs protagonistes. On l’aura compris, le réalisateur veut ancrer dans notre esprit, même rebelle, la différence entre le bien et le mal. Le bien, c’est le monde et ses turpitudes ; le mal, c’est la secte et l’enfermement. A l’inverse de ce qu’apprend et vit Giulia jusqu’à sa rencontre avec le beau et mystérieux Libero.


L'AFFRANCHIE - Bande Annonce from Bellissima-films on Vimeo.

La rencontre 

Elle est belle, sorte de Natalie Portman à l’italienne, et innocente. Elle est une bonne élève appréciée de sa professeure de maths et fait du porte à porte pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus. Lors d’une tournée, elle croise le beau Libero, tout juste sorti de prison, qui habite chez sa mère. Ils échangent un regard, se jaugent et, telle une madone, elle décide de le sauver. Elle le fait embaucher dans l’usine de son père, ils s’aiment en secret. Sauf que c’est inacceptable pour ses parents, sa petite sœur et la communauté des témoins de Jéhovah à laquelle elle appartient. Giulia quitte alors sa famille pour et avec Libero.

La chute

Et c’est un pacte avec le diable qu’elle signe. Giulia est excommuniée après un procès à huis clos digne de ceux des ayatollahs de la Foi iraniens. Glaçant. Pour subvenir aux besoins du couple, Libero qui a perdu son job à l’usine suite à une bagarre, replonge dans le trafic de drogue. La petite sœur de Giilia culpabilise d’avoir cafté. Menaces, manipulations, mensonges, crimes, tout y est et même un peu trop. Un autre film sur la jeunesse et la radicalisation religieuse m’est revenu à l’esprit pendant la projection : Le disciple, de Kirill Serebrennikov. Même propos, mais plus juste. Parce qu’à trop vouloir en montrer, on ne laisse pas le spectateur entrer librement dans la danse. Enfin, c’est juste mon avis.

Annie Hall

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