lundi 27 août 2018

Game Night : un très, très drôle de jeu

En DVD et Blu-ray : Warner sort en vidéo l'excellente comédie Game Night, avec Jason Bateman et Rachel McAdams. Un film drôle, haletant et vraiment drôle. Retour sur les 3 raisons d'un succès.


Disons-le tout net : on est reconnaissant aux équipes de Warner France de ne pas avoir avoir donné à Game Night le titre français de Very Bad Game. Il y en a tellement eu des Very Bad Machins... Et pourtant, il existe une filiation évidente entre Game Night et Very Bad Trip (The Hangover, 2009). Les deux films sont en effet des comédies inattendues, rythmées et qui renouvellent le genre avec beaucoup de réussite.

L'histoire : Max et Annie sont accros aux jeux. Jeux de plateau, de charades, d'énigmes, quiz... qu'il s'agisse d'abattre les cartes, de rouler les dés ou de damer le pion, ils y vont à chaque fois à fond. Tout pour la gagne, avec des auto-congratulations sonores et des vannes balancées à leurs adversaires en prime. Régulièrement, le duo invite des couples d'amis à participer à une soirée de jeux (d'où le titre). Un beau soir, c'est Brooks, le frère de Max, qui change les règles en invitant la troupe chez lui pour une Murder Party. Un faux enlèvement va avoir lieu et le couple qui retrouvera le kidnappé repartira avec une Corvette Stingray. Tout le monde est au taquet, surtout Max, qui jalouse la réussite de son frangin. Mais c'est Brooks qui se fait enlever de manière très réaliste.


Des règles surprenantes

Pas de panique, il ne s'agit pas d'une énième adaptation d'un jeu de plateau. Pas de colonel Moutarde ni de clé anglaise au programme. Libre de toute contrainte marketing, le scénariste Mark Perez s'en est donné à coeur joie pour multiplier les rebondissements et les fausses pistes. Le film suit un rythme d'enfer - l'intrigue avance souvent de trois cases et quand elle recule, c'est pour décontenancer le spectateur et repartir de plus belle. La première bonne surprise est liée à la mise en scène : on s'attend à une pure comédie et Game Night est filmé comme un thriller, avec effets de caméra à suspense, photographie sombre et musique angoissante toute en synthés (signée Cliff Martinez) qui font parfois bondir dans son siège. A côté de ça, on a le droit à des très bonnes vannes (running gags sur Denzel Washington et les tables en verre) et des situations vraiment poilantes (une extraction de balle, une tentative de corruption, un fight club, un chien en sang mais qui ne saigne pas). Ce ton décalé s'avère payant.

Un plateau de jeu original

Les réalisateurs John Francis Daley et Jonathan Goldstein (au scénario de Comment tuer son boss et Spider-Man Homecoming mais aussi derrière la caméra pour Vive les vacances, le dernier National Lampoon's Vacation en date) participent d'ailleurs au tempo enlevé grâce à leur mise en scène pleine de trouvailles visuelles. Quelques plans d'ensemble, filmés en mode tilt shift ("l'effet maquette", avec un élément net et le reste flou), donnent vraiment l'impression que l'action se déroule sur un jeu de plateau en 3D. Autre temps fort : une course-poursuite échevelée sur plusieurs étages dans une bâtisse toute en escaliers et mezzanines que Daley et Goldstein filment en un brillant (faux mais très bien fait) plan séquence. Et puis parfois, ils freinent des quatre fers pour laisser les répliques et situations faire leur effet, avec des plans qui durent pour instaurer un malaise bidonnant. 

Des pions hilarants

Le casting est parfait. Jason Bateman (Max) est comme à son habitude le clown triste, qui enchaîne les commentaires cinglants sur son propre malheur et les agissements des autres. On retrouve le Michael Bluth d'Arrested Development mais qu'il est bon dans ce registre ! Notre rédacteur Marcel Martial le définit comme le cousin américain de Jean-Pierre Bacri. C'est tout à fait ça, l'énervement en moins. Dans le rôle de son épouse Annie, Rachel McAdams est aussi solaire et enjouée que Bateman est dépressif et inquiet. D'où un couple hyper attachant, à l'instar des deux autres : celui que forment Lamorne Morris (qui imite très bien Denzel Washington) et Kylie Bunbury et l'autre, composé de Billy Magnussen (vu dans Le Pont des espions et ici, génial en crétin souriant) et Sharon Horgan.  

Les six "pions" en croisent d'autres tout au long du film, lesquels sont interprétés par des acteurs qui suscitent des "oh, lui, on l'a vu dans..." et qui font le job comme il faut : Kyle Chandler (Super 8, Friday Night Lights, Bloodline) dans le rôle de Max, le frangin à qui tout semble réussir ; Jesse Plemons (le frère de Matt Damon qui se serait pris une porte dans le nez, vu également dans Le Pont des espions et Friday Night Lights) excellent en voisin psychopathe ; Chelsea Peretti (Brooklyn Nine Nine) ; Danny Huston (Le Fils de l'homme, The Constant Gardener) ; Jeffrey Wright (Casino Royale, Westworld) et en invités surprises... voir tout en bas pour ceux qui s'en fichent des spoilers.

Warner Home Video accompagne le film d'un making of et d'un bétisier. Ne passez pas votre tour et faites péter la banque (façon de parler, ça ne vous obligera pas à manger des pâtes jusqu'à la fin du mois) : Game Night est un Very Good Film.

Anderton


PS : les invités surprises sont Michael C. Hall (Dexter, Six Feet Under) et Denzel Washington (ou presque).

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