En salles (le 29 août) : Après trois formidables films ensemble, le cinéaste Peter Berg et Mark Wahlberg se sont retrouvés pour 22 Miles (Mile 22), un thriller brutal dans lequel le duo s'est éloigné de la formule gagnante qu'il avait mis en place. D'où un sentiment mitigé.
James Silva (Mark Wahlberg) fait partie d'une unité très secrète du renseignement américain. Son équipe est amenée à intervenir hors cadre sur le sol américain ou à l'étranger. Et cette fois-ci, la mission de ce commando d'élite est d'exfiltrer d'une ambassade américaine dans un pays asiatique Li Noor (Iko Uwais), un policier local qui s'y est réfugié. Ce dernier détient des informations qui permettraient de déjouer un attentat imminent. Mais avant de les livrer, il exige d'être conduit aux Etats-Unis. Pour rejoindre l'aéroport distant de 22 miles (soit 35,4 kilomètres, ce qui est moins sympa comme titre en français), l'équipe de Silva doit assurer la sécurité de Li Noor alors que le gouvernement local est prêt à tout pour l'empêcher de partir.
22 Miles est un pur film d'action. Si le groupe de Silva n'est pas à proprement assiégé puisqu'il est mobile, le principe du film de Peter Berg fait penser à ceux de Rio Bravo (Howard Hawks, 1959), Assaut (John Carpenter, 1976) ou New York 1997 (John Carpenter, 1981). Plus globalement, nous sommes en plein dans la séquence de la diligence poursuivie par des Indiens belliqueux. Sauf que la séquence dure 90 minutes. Ce qui, en soi, ne me déplaît pas. J'aime les films d'action et les trois dernières associations de Berg et Wahlberg m'avaient - je n'hésite pas à le dire - bouleversé.
True stories
Du sang et des larmes (Lone Survivor, 2013), Deepwater (Deepwater Horizon, 2016) et Traque à Boston (Patriots Day, 2016) racontent des histoires vraies dans lesquels des gens ordinaires - soldats, ouvriers, policiers... - se surpassent pour affronter des dangers hors du commun (attaques de talibans, explosion d'une plateforme pétrolière, attaque terroriste). Dans ses trois films, Peter Berg brosse le portrait de héros qui n'ont rien de super-héros. Il montre leur passage à cet état (quasi de grâce) où le courage le dispute à l'inconscience. Surmontant leurs peurs et leurs douleurs, les individus agissent, souvent au péril de leur propre vie, pour sauver celle des autres. Le groupe renforce sa cohésion et oppose sa solidarité au mal. Tout en prenant soin de respecter les faits et les destins personnels, le cinéaste exalte des sentiments nobles, beaux mais sans tomber dans la grandiloquence. Et à chaque fois, il livre un film d'action rythmé, avec des séquences spectaculaires. Un cinéma efficace et humain dont je suis très fan.
Action brute
Dans 22 Miles, pas d'histoire vraie. Même le pays d'Asie est inventé. Pas non plus de Monsieur Tout le monde qui s'élève de sa condition pour sauver son prochain. Ici, nous avons affaire à des espions d'élite, aussi implacables que leurs ennemis. D'ailleurs, la séquence qui introduit l'unité de James Silva (Lauren Cohan, John Malkovich...) laisse perplexe le spectateur. S'agit-il des gentils ou des méchants ? Leur intervention est-elle morale ? James Silva nous apparaît sans pitié. C'est le générique qui suit puis les scènes dans l'ambassade qui vont nous révéler sa personnalité : celle d'un agent d'élite à la fois sûr de lui et atteint de troubles psychologiques, entre autisme léger et TOC. Prestation convaincante d'ailleurs de Mark Wahlberg, qui fait ressortir avec nuance les fêlures de celui qui est finalement un tueur assermenté.
Cette petite dose d'humanité est, à quelques exceptions près, la seule du film. L'essentiel de 22 Miles tient à une succession de scènes d'action spectaculaires, violentes, brutales. A mains nues, avec des flingues, des armes blanches et quelques autres accessoires parfois inattendus, les protagonistes s'affrontent, sans retenue. Le sang gicle. Souvent. Les combats au corps à corps ont été en partie chorégraphiés par Iko Uwais. On retrouve le dynamisme, l'inventivité et la brutalité des bagarres de The Raid. D'ailleurs, une séquence se déroule dans un immeuble d'habitation... Peter Berg filme ces affrontements avec son savoir-faire habituel. C'est efficace, rythmé. Bref, ça claque.
L'amateur d'action y trouve son compte mais je n'ai pu m'empêcher de regretter l'absence de ce qui faisait la force des trois films précédents, à savoir un supplément d'âme. Et la fin du film laisse le spectateur sur sa faim. Même si Berg et Wahlberg ont voulu lancer une franchise (pourquoi pas, il y a un "héros" atypique et un méchant qui l'est tout autant, que l'on aimerait revoir), ils donnent l'impression de ne pas avoir su mettre un terme à cette cavalcade furieuse.
Y a-t-il un Christophe Gans dans la salle ?
J'ai découvert 22 Miles début août dans la petite salle de projection de Metropolitan Filmexport, le distributeur du film. Sont alors présents journalistes, blogueurs et autres invités. Nous attendons dans un silence religieux le début du film quand une sonnerie d'un téléphone d'une autre époque se met à retentir. Je me demande qui est le grand malade qui a téléchargé une sonnerie pareille sur son portable et surtout, pourquoi il l'a mise aussi forte. L'appareil se tait finalement, remplacé par le murmure des conversations. Puis deux minutes plus tard : rebelote, l'appareil hurle sa complainte métallique. Je me rends alors compte qu'il s'agit d'un téléphone installé dans la salle de projection car une femme derrière moi décroche le combiné. "Allô ?", demande-t-elle, mal assurée. "Oui... bien... d'accord...", dit-elle avant de lancer à la cantonade : "Christophe Gans est-il dans la salle ?" Eclat de rire général (et petit pincement au coeur pour moi, qui était abonné à Starfix, la revue mythique lancée par Gans dans les années 80). Tout le monde se retourne. Au fond, le cinéaste, un peu étonné, se manifeste. "Oui, il est là", répond alors la femme. Elle raccroche et explique : "Ils voulaient être sûrs que vous étiez là avant de lancer le film". Les "ils" en question étaient certainement les frères Hadida, patrons de Metropolitan et partenaires de longue date de Christophe Gans. Les lumières se sont alors éteintes et la projection a commencé.
J'ai découvert 22 Miles début août dans la petite salle de projection de Metropolitan Filmexport, le distributeur du film. Sont alors présents journalistes, blogueurs et autres invités. Nous attendons dans un silence religieux le début du film quand une sonnerie d'un téléphone d'une autre époque se met à retentir. Je me demande qui est le grand malade qui a téléchargé une sonnerie pareille sur son portable et surtout, pourquoi il l'a mise aussi forte. L'appareil se tait finalement, remplacé par le murmure des conversations. Puis deux minutes plus tard : rebelote, l'appareil hurle sa complainte métallique. Je me rends alors compte qu'il s'agit d'un téléphone installé dans la salle de projection car une femme derrière moi décroche le combiné. "Allô ?", demande-t-elle, mal assurée. "Oui... bien... d'accord...", dit-elle avant de lancer à la cantonade : "Christophe Gans est-il dans la salle ?" Eclat de rire général (et petit pincement au coeur pour moi, qui était abonné à Starfix, la revue mythique lancée par Gans dans les années 80). Tout le monde se retourne. Au fond, le cinéaste, un peu étonné, se manifeste. "Oui, il est là", répond alors la femme. Elle raccroche et explique : "Ils voulaient être sûrs que vous étiez là avant de lancer le film". Les "ils" en question étaient certainement les frères Hadida, patrons de Metropolitan et partenaires de longue date de Christophe Gans. Les lumières se sont alors éteintes et la projection a commencé.
Anderton
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