En DVD et Blu-ray : Escobar est disponible en vidéo à partir du 22 août. L'occasion de (re)plonger la tête (et le nez) la première dans la relation passionnée qu'ont entretenue le boss du cartel de Medellin et une journaliste colombienne, incarnés par un duo immense, Javier Bardem et Penelope Cruz.
Car plus qu'un biopic, le film de Fernando Leon de Aranoa (A Perfect Day) est le récit d'un amour, excessif, violent et destructeur que traduit bien le titre original : Loving Pablo. Un titre qui reprend celui du livre Loving Pablo, Hating Escobar (Amando a Pablo, odiando a Escobar), écrit en 2007 par Virginia Vallejo, la journaliste qui fut donc la maîtresse du trafiquant entre 1983 et 1987. Nous entrons dans l'initmité d'Escobar en même temps que Vallejo, une star de la télévision colombienne, aussi pétillante - pour ne pas dire exaltée - qu'arriviste. Sa liberté de ton et sa beauté charment Pablo, qui n'est alors qu'un entrepreneur dont l'origine de la fortune n'est pas encore connue. Le coup de foudre est réciproque. Virginia découvre rapidement la nature des activités de son amant mais s'en accommode très bien. Et qu'importe qu'il soit marié. Son pouvoir et son argent la comblent. En retour, elle aide Escobar à mieux s'exprimer en public alors qu'il décide d'entrer en politique.
Deux monstres
Fernando Leon de Aranoa met en scène deux monstres. A l'écran, Escobar et Vallejo sont deux individualités fortes, avides de reconnaissance, tour à tour charmeuses et menaçantes, privées de tout sens moral. Certes, Pablo veut être un bon père de famille, il s'impose comme le défenseur des pauvres qui vénèrent sa générosité en retour. Mais le cinéaste nous fait découvrir progressivement tous ses excès, tous ses vices : le Robin des Bois n'est qu'un psychopathe. Quant à Virginia, elle apparaît tout aussi implacable derrière ses grands sourires et sa personnalité attachante.
Ces deux monstres sont incarnés par des acteurs qui en sont deux autres. D'abord Javier Bardem, dont la transformation physique est bluffante mais qui ne cherche pas à ressembler à Escobar. Il en fait passer les paradoxes et la folie. Parfois d'un seul regard. On ne sait jamais comment son personnage va réagir. Comme il l'explique dans une interview en bonus, il s'est inspiré de l'hippopotame, l'animal fétiche d'Escobar : sous une allure bonhomme, un peu lourde, il se révèle imprévisible et très dangereux.
Face à lui, Penelope Cruz s'avère impériale en diva surexcitée, qui joue avec le feu, s'en délecte avant de se brûler les ailes. L'actrice passe du rire aux larmes et aux cris, sans tomber dans la caricature. Il y a d'ailleurs une scène où Virginia sort en pleurant de son bureau puis change d'expression en voyant un interlocuteur. J'ai pensé à Tony Leung avançant en souriant, les yeux brillants de larmes dans A toute épreuve (Hard Boiled - John Woo - 1992) - voir la scène à 9:32. Du grand art. Tout comme Javier, Penelope apporte beaucoup de nuances et de profondeur à son personnage. L'un comme l'autre bouffent l'écran, hypnotisent le spectateur. La réussite d'Escobar tient d'abord à leur interprétation. Sans oublier celle de Peter Sarsgaard, qui interprète avec conviction un flic de la DEA, l'agence américaine de lutte contre le trafic de drogues. Avec son regard bas, un peu éteint, l'acteur américain dégage une ambiguïté qui enrichit également son personnage.
Violence crue
Fernando Leon de Aranoa aurait pu se faire vampiriser par ce trio au top. Il n'en est rien. Il trouve le bon équilibre entre les dialogues/confrontations et les scènes d'action. D'où un film rythmé, qui bénéficie d'une belle reconstitution. La violence - très crue - est montrée sans fard. Pas par voyeurisme mais pour ne pas idéaliser un criminel qui quand même a provoqué une guerre civile en Colombie pour son profit personnel. Le cinéaste n'oublie pas les victimes, jeunes embrigadés et corrompus, personnes assassinées et parfois torturées, victimes sont la famille même d'Escobar fait partie.
L'édition de M6 Vidéo propose en bonus des entretiens avec le trio d'acteurs. Javier et Penelope évoquent évidemment leur relation hors écran et la manière dont ils se sont préservés de leurs personnages étouffants. Ils reviennent également sur leur préparation pour rendre l'accent colombien lorsqu'ils s'expriment y compris en anglais (langue principale du film), et sur le tournage sur place en Colombie.
On aurait apprécié de voir un making of et d'entendre le cinéaste parler de ce projet porté par Javier Bardem, qui a longtemps été fasciné par Escobar. Tant pis, cela n'enlève rien à cette bonne édition d'un excellent film.
On aurait apprécié de voir un making of et d'entendre le cinéaste parler de ce projet porté par Javier Bardem, qui a longtemps été fasciné par Escobar. Tant pis, cela n'enlève rien à cette bonne édition d'un excellent film.
Anderton
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