lundi 26 octobre 2020

Une Vie secrète : le labyrinthe de planques

Une Vie secrète CINEBLOGYWOOD

En salles (le 28 octobre) : Le cinéma espagnol continue inlassablement d'aborder les heures les plus sombres de l'histoire de son pays. Multi-récompensé en Espagne et dans de nombreux festivals, Une Vie secrète aborde un pan méconnu de la période franquiste : l'histoire des Républicains qui, pour échapper à la répression, se sont cachés dans leur foyer pendant parfois plusieurs décennies. Un film bouleversant porté par ses deux acteurs, Antonio de la Torre et Belen Cuesta. 

Au coeur de l'Espagne, en 1936, les troupes franquistes traquent impitoyablement les Républicains. L'un d'entre eux, Higinio, est arrêté mais parvient à s'échapper. Il retourne dans sa maison où il s'installe dans une petite cachette creusée dans le sol. Bien qu'étroitement surveillée, son épouse Rosa donne le change tout en s'assurant que son mari ne manque de rien. Les années passent, sans que l'angoisse disparaisse.

Le trio de réalisateurs, Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga, signe un film fort qui est une charge contre l'horreur du régime franquiste, sa violence armée et policière, mais aussi l'embrigadement des citoyens ordinaires devenus d'odieux collabos. Mais c'est aussi un film émouvant sur une histoire d'amour atypique, celle d'un couple condamné à vivre dans la terreur permanente. Le quotidien en devient pesant et les relations entre le mari, cloîtré, et son épouse qui peut sortir de chez elle dégénèrent progressivement. 

Entre peur et folie

Pas d'échappatoire pour Higinio : pendant tout le film, il se heurte à des murs. Dans sa fuite, les ruelles de son village forment un labyrinthe qui le ramène finalement à sa cache initiale. Par des fentes et des trous, le voici devenu spectateur de ce qui se passe dans son propre foyer. Peur et jalousie l'assaillent. Comment être un homme, un mari ou même un père, quand on vit terré comme un rat ? La figure de l'hombre ibérique en prend un coup. Rosa, quant à elle, incarne l'épouse fidèle et obéissante qui se dédie corps et âme à son mari. Mais sa situation lui permet progressivement d'affirmer son indépendance et d'imposer ses décisions à un Higinio qui serait condamné sans elle.

L'évolution des rapports entre Rosa et Higinio fait tout le sel du film. L'amour plus fort que la peur, plus fort que la folie. Il fallait tout le talent des comédiens - bouleversants Antonio de la Torre (El Reino) et Belen Cuesta - pour qu'on croit à cet incroyable récit, digne de Kafka et pourtant basé sur des histoires vraies.  

Anderton


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