A voir : Qu'il est bon de rire parfois. Surtout en ce moment. Aussi apprécie-t-on qu'OCS Géants nous propose de revisiter l'oeuvre de quatre cinéastes qui sont considérés comme des maîtres de la comédie française, j'ai nommé : Francis Veber, Patrice Leconte, Jean-Marie Poiré et Claude Zidi. Ces cadors du box-office se racontent et nous racontent comment ils ont mis au point leur vis comica. Juste une mise au point, c'est d'ailleurs le titre de cette série documentaire produite par Sébastien Labadie.
Dans chaque épisode (52 mn), le cinéaste s'installe face à des écrans sur lesquels sont diffusés des extraits de quelques-uns de ses films emblématiques et des images d'archives (interviews, reportages TV...). Ce qui frappe, c'est le plaisir évident que les kings of comedy prennent à regarder ces images. Rien à voir avec une quelconque autosatisfaction mais on comprend qu'ils éprouvent de la joie à revoir leurs acteurs dans des scènes devenues cultes et qui, comme nous simples spectateurs, les font marrer de bon coeur.
Le premier à se prêter à l'exercice de Juste une mise au point, c'est Francis Veber. Avec verve et humour bien sûr, il revient sur ses débuts. Comme Jean-Marie Poiré dans le troisième épisode de la série, il croise la route du patron, Michel Audiard. Et il est d'ailleurs bien emmerdé puisqu'il est censé retravailler sur un scénar du maître qu'il trouve boiteux (le scénar, pas le maître). Lui, le petit jeune qui commence à se faire un nom. Avant la réunion en présence du producteur et du réalisateur, il prend donc Audiard à part pour lui confier son embarras. Audiard le rassure, qu'il s'exprime franchement, il ne se vexera pas. Même si pendant la réunion, le Michel prendra sur lui pour encaisser le diagnostic impitoyable de Veber.
Scénariste avant tout
Les anecdotes affluent. Veber rend hommage à ses comédiens, notamment Pierre Richard et Gérard Depardieu évidemment. Il balance aussi quelques coups de griffes, réglant ses comptes avec Philippe de Broca : n'ayant pas apprécié d'avoir été une première fois éconduit par le réalisateur de L'Homme de Rio, Veber refusera que son nom soit associé au Magnifique, dont il a pourtant écrit le scénario. Il reconnaît aussi ses erreurs, comme celle d'avoir refusé le rôle de François Perrin à Jacques Villeret dans La Chèvre parce que Lino Ventura (qui devait interpréter Campana) n'en voulait pas. Il se rattrapera en lui proposant de jouer dans Le Dîner de cons. C'est d'ailleurs par frustration que le scénariste passera derrière la caméra, même si tout au long de l'entretien le réalisateur des Compères répète qu'il s'est toujours considéré comme scénariste et que c'est d'ailleurs un bon scénario qui donne un film réussi.
La solitude du plumitif face à sa machine à écrire, Francis Veber en sait quelque chose. Il explique ses questionnements, ses coups de mou, évoquant même dans un grand sourire comment il a eu envie de se suicider alors qu'il calait sur l'acte final d'un script - heureusement pour lui et pour nous, sa femme lui a apporté une solution. Ses grands succès au box-office ne lui font pas oublier ses échecs cuisants, celui du Jouet, sa première réalisation, a été particulièrement dur à encaisser. Veber a également été script doctor, réparant les scénarios bancals, jusqu'à Hollywood où Jeffrey Katzenberg le fait venir pour qu'il donne son avis sur des scripts, lui le petit Frenchie inconnu. Il en profitera pour passer derrière la caméra à deux reprises, pour le remake américain des Fugitifs puis pour Sur la corde raide. Un film qu'il admet avoir raté... car il n'en avait pas signé le scénario.
Betteraves et dictature
Veber décortique certaines scènes et dialogues (l'importance des betteraves dans un échange entre Depardieu et Auteuil dans Le Placard). Il revient également sur sa réputation de dictateur sur les tournages. Il corrige : certes, il tient à faire entendre la petite musique qu'il a écrite mais surtout, il ne supporte pas le jeu ampoulé, plein d'effets. Ce qu'il recherche, c'est une diction la plus naturelle possible. D'où plus de 40 prises sur une réplique dite par Gégé, qui se laissait trop aller à l'emphase.
Cette heure d'entretien passe trop vite, d'autant que tous les films de l'auteur ne sont pas abordés. Mais, comme un synthé le précise à la fin du documentaire, il s'agissait Juste d'une mise au point...
Disponible à la demande, l'entretien avec Francis Veber sera rediffusé les 2 et 15 mars sur OCS Géants.
A lire :
Cadors de la comédie (2/4) : Patrice Leconte, du rire au drame
Cadors de la comédie (3/4) : Jean-Marie Poiré, pas juste un gigolo rigolo
Cadors de la comédie (4/4) : Claude Zidi, décontracté du gag
Anderton
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