vendredi 26 mars 2021

Urban : bons comics, bons genres

Le Dernier des dieux Décorum BD CINEBLOGYWOOD

A lire : Urban Comics, sous la signature Urban, publie deux bons comics qui abordent chacun un genre différent : la fantasy pour Le Dernier des dieux et la science-fiction pour Decorum. Deux réussites narratives et graphiques magnifiquement mises en valeur par le grand format, à l'européenne.


Avec Le Dernier des dieux, Phillip Kennedy Johnson au scénario et Riccardo Federici au dessin nous plongent au coeur d'un monde digne de celui inventé par J.R.R. Tolkien ou George R.R. Martin. D'ailleurs l'album s'ouvre sur une carte partagée en vastes landes et monts acérés, marécages et denses forêts. Autant d'habitats que se sont disputés Aelves, Archenains ou Hommes. Même s'il fut un temps où les différentes espèces se sont unies pour combattre un fléau létal, la pestefleur. Pour vous le représenter, pensez à l'alien de The Thing : une créature qui agrège les corps, les déforment et les transforment en une monstrueuse créature. Or voici que cette abomination ressurgit au coeur de la cité du roi Tyr, celui-là même qui l'avait vaincue.

Le récit aborde la lutte contre la pestefleur en alternant flashbacks et quête présente. L'occasion pour PKJ de questionner le mythe même de la première éradication du fléau. Chaque chapitre est d'ailleurs ponctué par des récits et chansons qui donnent à mieux connaître ces terres de Cain Anuun tout en multipliant les points de vue sur leur légende fondatrice. Si ce monde de fantasy est riche, il demeure accessible tant le scénariste s'est appliqué à le rendre lisible. Et il prend corps grâce au dessin réaliste de Riccardo Federici. Son trait donne de la puissance à ces corps en mouvement, ses cadrages leur confèrent une aura mythique. L'artiste italien nous fait ressentir la violence des combats, mais aussi des sentiments qui animent chaque personnage. Et la mise en couleur de Sunny Gho et Dean White est tout simplement splendide. Un premier tome (sur quatre) qui tient toutes ses promesses.

Decorum nous emporte quant à lui aux confins de l'univers. Voici le tome 1 d'une saga spatiale dense et ambitieuse. Là encore, le récit de Jonathan Hickman n'a rien de linéaire. Il y est aussi question de peste, de sociétés inégalitaires, d'une église singulière et d'une assassine particulièrement douée. Textes, cartes et graphiques entrecoupent l'histoire afin de saisir toute la diversité - et la complexité - de cette saga interstellaire.

Au dessin, Mike Huddleston recourt à différents styles pour aborder les différentes phases et situations du récit. Le lecteur est bluffé par son inventivité graphique tout autant que par l'originalité de sa mise en page. Quant aux couleurs, dont il s'est lui-même chargé, elles sont somptueuses. Certaines planches nous laissent sans voix.

Vivement les suites !

Anderton


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