vendredi 2 octobre 2015

Marco Bellocchio : 12 films-clés du vieux sage bunuelien - VIDEOS


Artistes : Retour sur Marco Bellocchio, 77 ans, devenu par la force des choses le dernier maestro et vieux sage du cinéma italien arrivé dans les années 60, et toujours en activité.

Douze films-clés sur un cinéaste qu’on pourrait qualifier de jeune homme en colère devenu une sorte de Buñuel italien : en s’attaquant aux piliers de la société italienne (famille, religion, éducation, armée) avec un regard féroce et sarcastique, il rappelle par bien des aspects le maître espagnol.  D’abord inspiré par sa formation d’inspiration psychanalytique et marxiste, puis maoïste, il est l’auteur le plus critique de la société italienne. Le tournant qu’on observe dans son œuvre au début des années 2000 lui permet de livrer des films d’un lyrisme et d’une puissance qu’on ne lui connaissait pas, avec pour pic Vincere (2009), scandaleusement oublié par le jury du Festival de Cannes cette année-là.


1965 : Les Poings dans les poches. Son premier long métrage, interprété par son alter ego Lou Castel. Précis de décomposition marxo-psychanalytique d’une famille bourgeoise. Un peu daté, mais déjà corrosif.


1972 : Au nom du père. Après la famille, Bellocchio s’attaque à l’éducation et à l’église. La charge subversive de son film vaut au cinéaste ses premiers ennuis avec la censure.



1976 : La Marche triomphale. Au tour de l’armée ! Dewaere, Miou-Miou et Franco Nero accompagnent le cinéaste dans sa démarche de critique sociale.





1980 : Le Saut dans le vide. Double prix d’interprétation cannois pour Michel Piccoli et Anouk Aimée, pour ce huis-clos incestueux et psychanalytique. Fort et dérangeant.



1984 : Henri IV, le roi fou. La pièce de Pirandello incarnée par un Mastroianni au faîte de son art. Un fou se prend pour Henri IV. Conte de la folie ordinaire – son grand thème, avec Claudia Cardinale.



1986 : Le Diable au corps. Gros scandale en raison d’une fameuse fellation non simulée. Maruschka Detmers en a fait rêver plus d’un ! Sous influence d’un gourou, Bellocchio entame la période la moins intéressante de sa carrière.



1988 : La Sorcière. Béatrice Dalle en sorcière !! Fallait oser, Bellocchio l’a fait, toujours sous influence. Son pire film. A réévaluer ?


2002 : Le Sourire de ma mère. Chef-d’œuvre. Come-back de Bellocchio dans le club des cinéastes qui comptent. Sergio Castellito en bute avec le Vatican qui souhaite canoniser sa mère. Le film le plus bunuelien de son auteur. Féroce, irrésistible, subversif. Unique.


2003 : Buongiorno, Notte. Le kidnapping d’Aldo Moro vu de l’intérieur. Regard lucide et lyrique à la fois sur les années de plomb. Le pendant de Mes Meilleures années.



2009 : Vincere. Biopic sur la 1ère épouse de Mussolini, répudiée par le dictateur, et internée dans plusieurs asiles. Interprétation grandiose, audace d’une réalisation qui ose tout (surimpressions, images d’époque, extraits du Kid de Chaplin), BO qui sample opéras classiques et morceaux originaux, scénario de haute volée politique et dramatique, pour un mélodrame qui magnifie la volonté de résister dans toutes les situations. Revient scandaleusement bredouille de Cannes.



2012 : La Belle endormie. Magistral travail de mise en scène et de montage (lire notre critique lors de sa sortie), où les partis pris esthétiques traduisent bien mieux qu’un long discours l’état des lieux sociétal et politique du berlusconisme déclinant, marqué par l’anesthésie et le déni.  Fresque chorale à la Altman.



Travis Bickle

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