mardi 13 octobre 2015

Martin Scorsese se confie


Artistes : Alors que Martin Scorsese est à l'honneur à La Cinémathèque et à l'Institut Lumière, TCM Cinéma rend hommage au cinéaste ce mardi dans le cadre d'une soirée spéciale qui débute par une passionnante interview.


Contre toute attente, les premières références évoquées par Marty ne sont pas cinématographiques mais littéraires. L'un des quatre ouvrages qui l'ont marqué dans son enfance est Les carnets du sous-sol de Dostoïevski. Il s'est totalement reconnu dans la première phrase du livre : "Je suis un homme malade". Atteint d'un asthme sévère, le petit Scorsese vit "dans une bulle", au sein d'une autre bulle : le Bowery, un quartier de New York principalement peuplé de descendants d'Italiens. Un quartier dur où chaque gang défend son coin de rue. Scorsese est interdit de sortie, bichonné par ses parents, des gens simples à qui il rendra hommage en les intégrant dans beaucoup de ses films. 

Son enfance, l'éducation stricte de ses parents, la violence de son quartier... Scorsese en parle avec franchise mais aussi beaucoup d'à propos : il explique pour nous faire comprendre avant d'émettre un jugement. La paix vient lorsqu'il intègre une école catholique. Le séminaire le tente, c'est sa "porte de sortie" mais il échoue. Quand il évoque les missionnaires et travailleurs sociaux qui viennent en aide aux plus démunis, il est emporté par l'émotion. Son flot se tarit, il tourne la tête... Retour au débit mitraillette. Scorsese évoque sa conception de la religion : pour lui, il faut faire le bien chaque jour autour de soi. C'est plus important que d'aller à l'église le dimanche. Et de faire un brillant parallèle entre religion et cinéma : quand on entre dans une église ou une salle de cinéma, on laisse sa crédulité de côté et on se laisse guider par sa foi.

Eglise et salles obscures

La paix, Marty la trouve donc dans les salles obscures. Et ce sont les films qui lui permettent de communiquer avec un père taiseux. John Ford, Alfred Hitchcok, Ingmar Bergman, le cinéma italien... autant de références qui se retrouvent dans ses films. Le grand choc reste pour lui Sur les quais. "Ce n'était pas vraiment un film mais une partie de moi", affirme-t-il. La fac et l'école de cinéma lui permettent de découvrir "un autre monde" : l'Amérique wasp qu'il a admirée au cinéma ou sur le petit écran.

Devenu réalisateur, Scorsese filme la rue avec Mean Streets. Succès critique mais point final de sa veine néoréaliste. Marty veut tourner la page de ses origines et devenir un cinéaste hollywoodien, au service d'un studio. Il tourne Alice n'est plus ici tandis que Taxi Driver lui offre l'occasion de faire du film de genre. Et finalement, Scorsese assume son identité : toute sa famille se retrouve dans Raging Bull, qu'il qualifie de "rupture", de "nouveau départ". 

Non seulement Scorsese est passionnant - comme à son habitude - mais l'interview est entrecoupée d'extraits de films qui viennent illustrer ses propos. La mise en parallèle de plans, au sein de sa filmographie ou entre ses films et ceux de ses idoles, apporte un éclairage nouveau sur le travail du cinéaste new-yorkais. 

Mardi 13 octobre sur TCM Cinéma :
20h05 : l'interview de Martin Scorsese
20h40 : Aviator
23h25 : A Tombeau ouvert

Anderton



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