En salles : Ah, Stanley Kubrick…. Expo, intégrale DVD, bouquins…Vous allez en bouffer, du Kubrick, en ce printemps, je vous le dis ! Alors, autant commencer par le début : Les Sentiers de la Gloire, que ressort en salles fort opportunément Carlotta cette semaine.
Que peut-on dire de plus sur ce 1er chef d’œuvre du maître qui n’ait été déjà dit ou écrit ? C’est la pression du blogueur… Bon, en quelques points, je vais tenter d’en faire jailllir les points essentiels :
Donc, c’est le 4e film du cinéaste américain, et le 2e qui prend pour toile de fond la guerre – remember Fear and Desire, que quasi personne n’a vu – et qu’il reprendra à 2 reprises, dans un contexte latin, Spartacus, et dans un contexte contemporain, Full Metal Jacket. Pourquoi la guerre ? bah oui, pourquoi ? parce qu’elle permet à Kubrick d’y dépeindre le genre humain sous la coupe de Thanatos, de l’injustice et du désespoir. Ses thèmes favoris, en somme.
Et plus particulièrement là, d’y dépeindre le joug des institutions et de la hiérarchie militaire. D’y disséquer au plus près l’engrenage fatal qui va entraîner des soldats innocents vers la condamnation à mort. Pour l’exemple. Et ce en raison de l’absurde volonté d’officiers supérieurs. Un épisode qui s’inspire des mutineries des soldats français lors de la bataille du Chemin des dames en avril 1917. Et qui vaudra au film (1957) d’être interdit de diffusion en France jusqu’en 1975, sous la pression des associations d’anciens combattants.
Kubrick's touch
C’est à partir de ce film que Kubrick se lance dans un festival d’effets de mise en scène : travelling avant et arrière dans les tranchées ; multiplications des angles de vues lors de l’exécution ; toute la panoplie de la Kubrick’s touch s’y déploie avec majesté. Festival qui explose lors des scènes de combat nocturnes. Dans un noir et blanc d’une âpreté tranchante, il filme les offensives au ras du sol, à hauteur d’hommes, dans un vacarme de déflagrations et d’obus tirés de nulle part, dans des trous remplis d’eau et de cadavres. Une image terrifiante du chaos.
Pour voir à quel point le cinéaste se montre déjà fasciné par les ambiances autrichiennes fin de siècle : le château semble avoir été construit de l’autre côté du Rhin, tandis que la souveraineté de ses travellings rappelle ceux d’un Max Ophuls.
Cherchez la femme
Pour atténuer le jugement largement répandu selon lequel Kubrick serait un indécrottable misanthrope. Oui, la machine judiciaire a le dernier mot ; oui, la lutte des classes a souvent raison des plus faibles. Mais le final des Sentiers de la Gloire vient en atténuer la portée. Je n’en dirais pas plus, si ce n’est pour indiquer qu’il est centré sur un personnage féminin allemand incarné par la future Mme Kubrick – ce qui, au passage, en dit long également sur la soi-disant misogynie du cinéaste.
Et puis, le casting – l’ambitieux Kirk Douglas face au vétéran du cinéma muet Adolphe Menjou (L’Opinion publique de Chaplin) ou le sanguin Ralph Meeker (En 4e Vitesse d’Aldrich) - ; et puis, la musique d’inspiration straussienne ; et puis ce final… Bref, du pur Kubrick condensé en à peine 1h30 – qui dit mieux ?
Travis Bickle
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